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Culture - Festival

Récits croisés : le Liban entre fiction et réalité à Avignon

Voile levé sur la 63e édition du Festival In d'Avignon, qui occupera une trentaine de lieux, des 2 côtés du Rhône (Avignon et Villeneuve les Avignon) - dont la majestueuse Cour d'honneur du Palais des papes -, du 7 au 29 juillet prochain. L'édition 2009 fait la part belle aux artistes libanais. En effet, outre le dramaturge, metteur en scène et comédien libano-canadien Wajdi Mouawad, artiste associé de cette édition, Lina Saneh et Rabih Mroué, Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, Zad Moultaka et Yalda Younès sont à l'affiche.

Dans un florilège de pièces mêlant le théâtre, la musique, la danse, le cinéma, la vidéo et l'installation, les artistes participant à cette édition aborderont le récit sous sa double forme, documentaire et fiction. Témoins de la réalité violente dans laquelle a baigné tout le XXe siècle, ces hommes de théâtre en seront le miroir, fidèle ou déformant.
Hortense Archambault et Vincent Baudriller, codirecteurs du Festival d'Avignon, avaient convié les Avignonnais, salle Benoît XII (rue des Teinturiers), pour une présentation détaillée du programme du Festival In d'Avignon édition 2009. Les spectacles sont tous en répétition. C'est le moment - et jusqu'à la première semaine d'août - où l'équipe du festival passe de 27 permanents à 750 intermittents, tous corps de métier confondus. « Après l'Italien Roméo Castellucci et son exploration du mystère (édition 2008), cette année le théâtre se confronte à la puissance du récit », souligne Vincent Baudriller.
Artiste associé, Wajdi Mouawad offre un quatuor : Le sang des promesses.
Les 3 premiers opus, Littoral, Incendies et Forêts, seront donnés en intégrale à la Cour d'honneur, pendant toute une nuit (8, 10, 11 et 12 juillet de 20h00 à 7h00 du lendemain). Le 4e opus, Ciels, nouvelle création, sera joué à Châteaublanc- Parc des expositions dans la 2nde partie du festival.
Wajdi Mouawad a repris ses 3 premières pièces (Littoral, créée en 1997, Incendies en 2003 et Forêts en 2006) et les a réécrites et redistribuées pour le festival. « Trois histoires épiques, 3 grandes épopées », explique Vincent Baudriller, codirecteur du festival. « Ce festival est l'aboutissement de deux années de conversation avec Wajdi Mouawad ; deux ans de voyage sur ses territoires, Liban, Québec... » ; deux ans de voyage dans les imaginaires de ce « raconteur d'histoires, (de cet) auteur qui écrit des tragédies contemporaines ». Avec cette trilogie, le spectateur est convié à une nuit du conte...
Ces 3 premiers volets seront complétés par Ciels, opus qui vient un peu « en contre-pied des trois premières pièces, dévoile Vincent Baudriller. En effet, dans les trois pièces réadaptées, ce sont des enfants qui vont à la recherche des pères. Dans Ciels, ce sont des pères en lien avec leurs fils, qui les envoient se faire tuer pour assouvir leur soif de guerres. L'écriture est moins épique, plus en lien avec le quotidien.» «Pour Wajdi Mouawad, poursuit le codirecteur du festival, le théâtre c'est retrouver un sens au monde, c'est raconter le monde pour en comprendre le sens, la violence. Wajdi Mouawad est un auteur conscient du monde et inquiet du monde. » Et cette conscience, il tentera de la transmettre aux spectateurs jusque dans la forme qu'il donne à sa mise en scène.
Le Festival d'Avignon, grâce à sa nouvelle formule mise en place depuis 6 ans par Vincent Baudriller et Hortense Archambault, entraîne les spectateurs dans les dédales du monde de l'artiste associé, permet de parcourir une large partie de sa production. Ainsi, outre les pièces qui seront jouées, des textes de Mouawad seront lus, notamment dans le cadre de séances de lecture au Musée Calvet ou encore lors de débats dans le cadre du « Théâtre des idées ».

Le récit au plus près de la réalité...
Lina Saneh et Rabih Mroué présentent Photo-Romance, à la salle Benoît XII. Cette création pour le Festival d'Avignon rejoue - à la sauce libanaise - le texte et l'image d'Une journée particulière  d'Ettore Scola (avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni). Lina Saneh et Rabih Mroué sont nés à Beyrouth et y ont grandi. Ils ont une démarche opposée à celle de Wajdi Mouawad. Pour eux, il n'est pas question de fiction, il faut partir du réel, des preuves - véridiques soient-elles ou trafiquées ! Leur récit colle au plus près de la réalité. Comme dans le film de Scola, il est question d'un homme et d'une femme, tous deux isolés, qui se croisent lors d'une journée particulière. Lui, militant de gauche, homosexuel, en mal d'adaptation avec la réalité sociale et politique actuelle du Liban ; elle, femme au foyer absorbée par ses soucis familiaux, sociaux, religieux. Dans ce spectacle, Lina Saneh et Rabih Mroué poursuivent leurs questionnements sur les notions de représentation, de jeu et sur les rapports entre fiction et réel.
Par ailleurs, chacun des deux artistes présentera une œuvre en « solo », À la recherche d'un employé disparu de Rabih Mroué et Appendice de Lina Saneh.
Encore plus fidèles à la réalité, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige installent leurs images, leurs sons, leurs installations vidéo à l'église des Célestins. « ... Tels des oasis dans le désert » trouve un véritable écrin dans cet « espace primitif, où le sacré s'est fait dénuement et simplicité », note le catalogue du festival. Ce couple d'artistes plasticiens cinéastes présente là leur travail sur la mémoire. Mémoire problématique et complexe d'un pays en recherche de son identité. Le double film Khiam 2000-2007 - camp de détention du Liban-Sud alors occupé par Israël - est une des œuvres qui composeront cette exposition. Six ex-détenus y témoignent au moment de leur libération et 8 ans après. Entre-temps, le camp libéré a été détruit, lors de la guerre de juillet 2006. Il y est question de mémoire, de reconstitution, d'images, de preuves... Dans cette église avignonnaise, elle-même chargée de mémoire...

Musique et flamenco
Zad Moultaka présentera L'Autre rive, une pièce musicale, à l'église de la Chartreuse à Villeneuve les Avignon, sur l'autre rive du Rhône. L'ensemble vocal Musicatreize, avec ses quatre instrumentistes de l'ensemble Mejwez, se met au service de cette œuvre à la forme singulière. Deux univers s'y côtoient, fermés l'un à l'autre ; ivres de haine et de violence. La pièce se déroule dans deux endroits différents, en deux langues différentes...
Autre lieu pour une autre création de Zad Moultaka : à la chapelle des Pénitents Blancs, à Avignon, Non, spectacle de danse flamenco de 9 minutes avec Yalda Younès. Et toujours l'obsession de la guerre en filigrane...
Le Festival d'Avignon organise, en partenariat avec les cinémas Utopia, salles d'art et d'essai, « Territoires cinématographiques », une programmation qui vient compléter et enrichir les représentations théâtrales. Dans les films programmés en juillet, Je veux voir (avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué), A Perfect Day et Khiam 2000-2007, trois films de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ; Conversations de salon et Un homme perdu de Danielle Arbid ; Le Dernier homme de Ghassan Salhab.
La programmation - dates et lieux - est consultable sur le site du festival:
www.festival-avignon.com.
Dans un florilège de pièces mêlant le théâtre, la musique, la danse, le cinéma, la vidéo et l'installation, les artistes participant à cette édition aborderont le récit sous sa double forme, documentaire et fiction. Témoins de la réalité violente dans laquelle a baigné tout le XXe...

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