The Time That Remains d'Élia Sleimane était en lice pour la Palme. Une réflexion sur le statut des Arabes vivant encore en Palestine avec humour, mais également avec tristesse. Sept ans après Intervention divine (premier film palestinien à être présenté à Cannes), Élia Sleimane présente cette histoire quasi autobiographique avec des images à la Jacques Tati. Répétition de gestes, sketches courts et serrés, absurdité de situations, c'est néanmoins un message de paix et non de haine que ce cinéaste livre au monde entier.
The Inglourious Basterds. Voici un Tarentino qui sort des sentiers battus. De ses sentiers à lui, je veux dire, car il est déjà sorti de ceux des autres. Ce cinéaste génial prouve, avec son histoire traitée à la western avec gros plans à l'appui et moments très lents sur fond de musique « morriconienne », que le cinéma est continuité, mais aussi innovation. Avec son extraordinaire culture cinématographique, Quentin Tarentino revisite les grands standards. Et Christopher Waltz, repêché de films série B par le réalisateur et qui y campe le rôle principal (meilleur prix d'interprétation masculine), le lui a bien dit : « Tu m'a rendu ma vocation d'acteur » lui a-t-il lancé à la cérémonie de clôture.
Map of the Sounds of Tokyo, d'Isabelle Coixet. C'est la première fois que cette réalisatrice espagnole présente un film en compétition à Cannes. Sur fond d'une bande sonore magnifique, des destins s'entrecroisent entre Tokyo et Barcelone. L'image stylisée est signée par le chef opérateur Jean-Claude Larrieu. Une belle œuvre interprétée par les acteurs Sergi Lopez et Rinko Kikuchi. Cette dernière, découverte en 2006 dans Babel d'Alejandro Gonzalez Inarritu où elle incarnait une adolescente sourde et muette bouleversée par le récent suicide de sa mère, avait été nominée pour l'Oscar du meilleur second rôle féminin, faisant d'elle, depuis Miyoshi Umeki, la première Japonaise a être sélectionnée en 49 ans.
Sans oublier le film projeté hors compétition de Terry Gilliam. Pourquoi hors compétition ? Car, a-t-il confié, « je déteste perdre ». Œuvre posthume de Heath Ledger, The Imaginarium of Doctor Parnassus, tourné en 2 et 3D, nous emporte dans le monde de l'irréel et nous touche dans tout ce qu'il y a d'humain enterré au plus profond de nous-mêmes. Avec certainement des images délirantes et surréalistes, propres aux plus grands peintres.