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Lifestyle - Festival de Cannes

Deux cinéastes bâillonnés à l’honneur sur la Croisette

Contrastant avec une ouverture légère, le festival a été marqué, au premier jour, par deux films montrant sous un jour inédit le dur quotidien de deux jeunesses en quête de liberté.
Le 62e Festival de Cannes a donné hier un coup de projecteur sur des cinéastes bâillonnés dans leur pays, avec deux films tournés dans la clandestinité, Nuits d'ivresse printanière du Chinois Lou Ye et Les chats persans de l'Iranien Bahman Ghobadi.
Interdit de tournage dans son pays jusqu'en 2011, pour avoir présenté en compétition à Cannes 2006 sans l'aval des autorités Palais d'été qui évoquait la répression du Printemps de Pékin en 1989, Lou Ye brave à nouveau la censure avec Nuits d'ivresse printanière. Tourné clandestinement avec une petite caméra numérique, en deux mois, dans la ville de Nankin, à l'est du pays, Nuits d'ivresse printanière évoque une sulfureuse passion qui déclenche une succession de drames et s'attaque à un nouveau sujet largement tabou en Chine : l'homosexualité.
Deux hommes cheminent dans un sous-bois, jusqu'au lieu qui abrite leurs rendez-vous secrets, et s'étreignent avec passion dans la pénombre. Suivi à son insu par un détective engagé par son épouse, le doux Wang Ping (Wei Wu) est très épris de l'impulsif Jiang Cheng (Hao Qin) : il sombre dans le désespoir quand ce dernier, harcelé par cette femme jalouse, le quitte. C'est alors que le détective, Luo Haitao (Sicheng Chen), s'éprend à son tour du bel éphèbe et délaisse sa petite amie. Ce tourbillon des désirs, où se croisent des femmes dévorées par l'amertume et des hommes rattrapés par une féminité étouffée, tourne au drame. Risquant à nouveau les foudres de la censure avec des scènes de sexe assez crues, Lou Ye capte au plus près l'ambiguïté sexuelle d'individus sans repères. L'extrême mélancolie du film, amplifiée par le jeu languide des acteurs et la photographie aux teintes étouffées, est exprimée par des extraits d'un texte publié dans les années 1920 par le romancier Yu Dafu.
Dans la section Un certain regard, pépinière de nouveaux talents de la sélection officielle, Bahman Ghobadi dépeint la violente répression qui s'abat sur la jeunesse iranienne dans Les chats persans. Censuré dans son pays où son dernier film Half Moon n'a été distribué qu'en DVD au marché noir, Ghobadi a écrit Les chats persans avec sa compagne, la journaliste irano-américaine Roxana Saberi. Cette dernière, libérée lundi à Téhéran après avoir vu sa peine de huit ans de prison pour espionnage au profit des États-Unis réduite en appel à deux ans avec sursis, n'a pu se rendre à Cannes. Tourné dans l'urgence, sans autorisation, Les chats persans suit à Téhéran deux jeunes musiciens à peine sortis de prison, Ashkan (Ashkan Koshanejad) et Negar (Negar Shaghaghi), en quête d'un visa pour l'Europe. Ghobadi filme leur quête de musiciens pour monter un groupe de rock et lève le voile sur l'extraordinaire bouillonnement culturel, totalement clandestin car vigoureusement réprimé, de la jeunesse iranienne.
Lauréate du Prix du jury en 2006 avec Red Road, Andrea Arnold a dévoilé de son côté en compétition Fish Tank, une belle chronique réaliste qui, à l'instar de Rosetta des frères Dardenne en 1999, suit la rébellion d'une adolescente d'un milieu pauvre. Enfin, la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle cannoise, a débuté avec une entorse à sa vocation affichée, découvrir de jeunes cinéastes, en programmant une valeur sûre du cinéma mondial : Francis Ford Coppola, venu avec Tetro, un film argentin à veine autobiographique.
Le 62e Festival de Cannes a donné hier un coup de projecteur sur des cinéastes bâillonnés dans leur pays, avec deux films tournés dans la clandestinité, Nuits d'ivresse printanière du Chinois Lou Ye et Les chats persans de l'Iranien Bahman Ghobadi.Interdit de tournage dans son pays jusqu'en 2011, pour avoir présenté en...

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