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Lifestyle - Success story

Johnny Farah, tactile

Il a les doigts usés d'un artisan, les mains patientes  d'un agriculteur et la vision d'un artiste. Du cuir à l'alimentation bio et à la restauration, il s'est toujours agi d'un feeling, avant de devenir une belle réussite, qui passe par New York, Tokyo, la Turquie, l'Europe et le Liban...

« Je suis un entrepreneur, affirme-t-il d'emblée, pas un homme d'affaires. J'ai toujours travaillé les matières que j'aime, spontanément, sans savoir où je me dirigeais.  Je fonce et je continue, parce que j'y crois. Et surtout, je me réveille tous les matins heureux d'aller au travail... » Dans son atelier niché au fond d'une ruelle discrète près du port, où l'odeur du cuir devient un délicieux parfum chargé d'histoires, Johnny Farah passe en coup de vent, tâte la matière, rectifie la courbe d'une ceinture, appelle ses partenaires et repart poursuivre ses envies... Des idées, il en a plein la tête, qui se bousculent depuis des années dans une parfaite cohérence et qui se sont concrétisées sous les noms de IF, Casablanca, Johnny Farah sacs, ceintures et accessoires et, enfin, Bechley Green . « Il y a, confirme-t-il, une relation certaine entre le design des objets en cuir, l'agriculture et la cuisine. » Sa passion gourmande, d'abord, une créativité qu'il place naturellement dans chaque projet et l'envie de continuer à apprendre, loin de toutes contraintes. « Je pourrais faire des milliers de kilomètres pour découvrir un produit, goûter un plat, rencontrer un designer. Je ne suis pas un type qui attend sa retraite. Ma vie continuera à ce rythme tant que je peux continuer ! »

Aventures
Ce sont des études en...  ingénierie mécanique qui ont mené Johnny Farah vers des sentiers alors peu fréquentés, mais très fréquentables !   Dans les années 60, celles où l'on croyait semer les fleurs et l'amour au bout des fusils, le jeune homme part en auto-stop à Copenhague, une bourse d'études dans ses bagages légers. Durant de longues années qui sont passées très vite, il y apprend la simplicité des formes, la fonctionnalité d'un accessoire. Il découvre des matières encore jeunes, le cuir et le jeans, et perçoit un talent, le sien, qu'il ne soupçonnait pas. En fait, il apprend tout sauf ce qui était prévu !
En 1970, il rentre au Liban, démarre sa production de ceintures dans un petit atelier face au Saint-Georges avant d'installer son premier IF, le nom fut emprunté à un film culte des années 68, à la rue non moins culte de Hamra. Dans cet espace où il va tout inventer et qui bat encore aujourd'hui au rythme de ses créations, il  manipule le jeans, le tord, le découpe, en fait des jupes insolites. Une de ses jupes a même été exposée durant neuf ans au Musée du costume à Paris. Il fabrique des sabots en cuir qui seront d'anthologie, des cartables, des sacs, des portefeuilles. Presque trente ans après, l'odeur et l'énergie qui circulent sont les mêmes. La guerre, mais surtout son envie de liberté et sa curiosité le poussent à s'exporter. New York et Soho s'accordent à ses improvisations d'artiste. Dans ce loft qu'il va choisir pour s'ancrer, il réunit d'abord des vêtements signés par de grands créateurs de mode, puis y ajoute son grain de sel, des articles en cuir qui s'adressent à une clientèle pointue.

L'appel de la terre
Johnny Farah créant une gamme de sacs pour Donna Karan ou, mieux, vendant une ceinture à Carla Bruni et d'autres personnalités internationales, l'homme n'a pas changé. C'est le travail qui l'intéresse. En 1994, sans doute l'appel de la terre, il rentre timidement au pays, installe un troisième IF au centre-ville de Beyrouth, s'implique dans plusieurs projets de restauration dont le Casablanca et, avec son ami, l'économiste Rafic Boustany, trempe ses mains dans la terre en vendant des produits bio. « C'est ma façon d'investir dans ma retraite !  Ce sont des choses qui m'intéressent. Si, après, elles font de l'argent, pourquoi pas ! » Tous les samedis, curieux, méticuleux, il hante en habitué les stands de Souk el-Tayeb, en quête d'un fruit insolite, d'un légume encore plus frais. Et y trouve son bonheur...
À la veille des fêtes de Noël et toujours dans une même volonté d'allier l'utile et l'indispensable avec le beau, le designer avait installé dans sa vitrine de Saïfi la carcasse d'un tronc d'arbre, récupéré de l'incendie de Bkechtine, près de Debbieh. Suspendu au plafond, l'arbre desséché avait ainsi retrouvé une nouvelle vie.
C'est tout Johnny Farah... Un feeling pour la qualité et la matière.
« Je suis un entrepreneur, affirme-t-il d'emblée, pas un homme d'affaires. J'ai toujours travaillé les matières que j'aime, spontanément, sans savoir où je me dirigeais.  Je fonce et je continue, parce que j'y crois. Et surtout, je me réveille tous les matins heureux d'aller au travail... » Dans son atelier...

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