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Culture

Noir et blanc : un duel à fleurets mouchetés

Mohammad Ali Karakalla, qui expose chez Safana*, est un adepte du funambulisme entre noir et blanc.
Il est né à Baalbeck. Et il a vécu toute son enfance dans une maison aux murs blanchis à la chaux, juste en face de la Cité du soleil. « C'était vraiment impressionnant d'avoir devant soi et à longueur de journée et de nuit ces colonnes majestueuses», se souvient Mohammad Ali Karakalla, qui a également eu la chance inouïe d'assister, dans les années soixante et au début des années soixante-dix, à tous les spectacles du Festival de Baalbeck, les répétitions comme les soirées officielles. Son enfance a également été pétrie de lectures empruntées au libraire voisin et gorgée de soleil des échappées dans le jurd, où il a esquissé ses premiers croquis et gravures en utilisant des bouts de bois et autres éléments naturels. Plus tard, après une échappée de cinq ans vers l'Arabie saoudite, déviant de ses études d'architecture intérieure dans lesquelles le dessin assisté par ordinateur a pris le pas sur le dessin à la main, Mohammad Ali Karakalla décide d'emprunter une voie plus personnelle et de laisser une plus grande place à sa subjectivité, sa personnalité.
« Mes toiles parlent d'un monde tel que je le ressens : avec sa froideur et sa chaleur, son agressivité et sa douceur, ses évidences et ses absurdités », indique le peintre qui présente là sa première exposition individuelle à Beyrouth.
Il a également profité de cette manifestation pour lancer son premier recueil intitulé Ghabrat Nour (Poussière de lumière). « Je m'empare d'instants voués à l'oubli que je m'empresse de capturer et d'exprimer par écrit pour mieux les ressentir, aller au-delà de ce qu'ils représentent, les revivre pour mieux les sublimer et leur redonner une existence. » Triste ou gai, angoissant ou apaisant, chaque poème immortalise pourtant l'intemporalité d'un ressenti.
Dans ses dessins, le noir et le blanc esquissent un duel à fleurets mouchetés. « J'utilise le noir afin de travailler et de jouer avec la lumière qui, très souvent, est décisive dans le choix de mes sujets. Elle me dicte le chemin à suivre et impose ce qu'elle donne à voir. Mon encre noire profonde et forte se dépose sans retour ni mensonge possible, laissant à jamais mes témoignages sur un monde en perpétuel mouvement, avec ses villes et son peuple créateur et acteur de cette évolution incessante. »
L'artiste explique que l'encre de Chine est une technique à la fois délicate et très efficace. Technique délicate, car elle n'autorise pratiquement aucune reprise ni correction, et demande donc une préparation sans faille. À part pour les plus virtuoses, une esquisse préalable au crayon est indispensable. Elle doit être particulièrement soignée. Technique efficace, car elle est très solide et très spectaculaire. Elle résiste à l'eau et à toutes les manipulations, comme à la lumière. Par ailleurs, la qualité du contraste qu'elle offre permet de faire des œuvres plus facilement « lisibles » par le grand public.
« D'où le principe fondamental de l'esthétique des peintures en noir et blanc : l'embrasement du plein et du vide, c'est-à-dire le rapport entre les espaces peints et les espaces non peints. La partie visible de l'image est dite pleine, alors que la soie laissée vierge est dite vide », note
Karakalla.
Les dessins sont travaillés à la plume, à l'encre de Chine. La plume est choisie pour son côté incisif, qui exprime bien la déchirure, la douleur. Karakalla se laisse alors aller aux jeux du graphisme, au bon vouloir d'une tache, le dessin apparaissait parcelle après
parcelle.
Ses travaux, proposés à prix réduits pour permettre aux bourses modestes d'acquérir des œuvres d'art, peuvent être assez critiques, surtout lorsqu'ils expriment les contrastes sociaux ou les manifestants politiques actant comme des moutons de
Panurge.

* Galerie Safana, rue Leonardo da Vinci, Verdun. Jusqu'au 22 mai. Tél.: 01/869564.
Il est né à Baalbeck. Et il a vécu toute son enfance dans une maison aux murs blanchis à la chaux, juste en face de la Cité du soleil. « C'était vraiment impressionnant d'avoir devant soi et à longueur de journée et de nuit ces colonnes majestueuses», se souvient Mohammad Ali Karakalla, qui a également eu...

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