Officiant seul sur scène, sous un faisceau de projecteurs bleus traversés d'un spot jaune enveloppant son visage d'une lumière irréelle, Bugge Wesseltoft, boule à zéro, lunettes de Karl Zéro et chemise noire sur jeans et baskets, entame en effet la soirée par un mixage de piano acoustique et de « beat» électronique plutôt discret et épuré.
Très zen et concentré dans ses allers-retours entre son piano et son ordinateur, l'excellent claviériste pianiste va cependant faire graduellement monter le son. Tel un grand prêtre en pleine célébration mystique - parfois semblable aussi à un scientifique dans son laboratoire -, il improvise des bruitages, des pulsations, des nappes répétitives, des bidouillages électroniques, des ajouts de percussions, des enregistrements en boucle de sa propre voix, qu'il s'amuse aussi à altérer, transformer, distordre...Pour accompagner les notes jazzy, au départ plus mélodiques et classiques, de son piano et les emporter dans les sillages du free jazz.
Cela donne des ambiances mystérieuses et prenantes, des sonorités à la fois primitives et futuristes, des harmonies hypnotiques et méditatives...Qui s'allient parfaitement, en deuxième partie du concert, avec les rythmes vifs et orientaux de la tabla de Khaled Yassine.
La salle s'enthousiasme pour ce duo improvisé - les deux artistes se sont rencontrés pour la première fois le matin même ! - qu'a priori tout sépare et qui, pourtant, fait preuve d'une complicité musicale évidente.
Moins évidente, cependant, du moins pour une bonne partie du public - c'est-à-dire les plus de 30 ans - était la troisième partie du concert, durant laquelle ont officié, à l'invitation du musicien norvégien, deux DJ très techno-house !
À partir de là, place à la trance : Bugge, après un bref intermède hors scène, revient s'installer devant ses claviers, Khaled Yassine le suit et les voilà qui se lancent tous dans des improvisations délirantes, où rythmes clubbing, notes de piano, nappes de synthé et percussions orientales font une sarabande de styles, d'instruments et de genres. Le jazz devient free, free, se libère à en devenir méconnaissable... Pour ceux qui ne cultivent pas une autre conception de cette musique. Évidemment !
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