Nous la suivons tout au long de son récit sans qu'à aucun moment l'intérêt ne faiblisse. Les pages de forte émotion abondent : ainsi en est-il de celles où l'auteur évoque, pudiquement, en de brèves allusions, la compensation qu'elle a trouvée dans la compagnie des chats. Les vacances à la campagne, qui voient s'épanouir Zoé, sont rendues avec une fraîcheur d'idylle. On apprécie surtout la sensibilité avec laquelle sont décrites la maladie et la mort d'une chatte, l'attente angoissée du verdict du vétérinaire, les soins prodigués à la petite bête agonisante. Le risque était de tomber dans la mièvrerie; on sait gré à l'auteur d'avoir su, constamment, éviter ce piège : tout est dit avec goût, délicatesse et tact, et l'ouvrage, qui échappe aux longueurs fastidieuses, garde une ligne classique et pure. L'amour des bêtes y apparaît comme une manifestation de l'amour de la création et s'y exprime avec une sorte de sérénité franciscaine, qui confère au récit densité et épaisseur et permet d'y percevoir, fine et discrète, la présence d'un arrière-plan spirituel se superposant à l'efficace immédiateté de la narration, obtenue grâce à une maîtrise sans faille de la langue. Une plume sûre, au service d'une inspiration authentique.
Jean SALEM
(1) Sylvie Eddé Shlink : « Des félins et de mon bonheur », éd. Cariscript, Paris, 2009.
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