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CD, DVD - Un peu plus de...

Cet été, on s’ra beau

Il fait beau, il fait chaud. Le soleil brille déjà. Le ciel est bleu, les oiseaux gazouillent, les plages commencent à ouvrir, les orteils se dévoilent, les jupes se raccourcissent, les jambes se dénudent, les salles de sport ne désemplissent pas, les instituts de beauté non plus. Cet été s'ra chaud et on sera beau.
Cet été, nous serons beaux et hâlés dorés. Bling bling « styyyle ». À la libanaise, quoi. On s'ra beaux et chauds. On prévoit 2 millions de visiteurs cette année. 2 millions. La moitié du pays, quoi. Alors il faut se préparer. Et bien. Les filles surtout. Jusque-là, le désespoir régnait. 1 pour 5 paraît-il et, en période de disette, 1 pour 7. Un homme pour sept femmes... Mais crise oblige, ils reviennent. Qui ? Les hommes, bien sûr. Les Libanais. Nos compatriotes. Ceux qui s'étaient exportés. Vers le Golfe ou le Royaume-Uni. Ceux qui avaient préféré les charmes des ailleurs sont de retour. Au plus grand dam des étrangères et pour notre plus grand plaisir. Ils ont abandonné les salles glauques des bourses en berne pour revenir au bercail... Faut donc être prêtes les filles. Pomponnées, apprêtées, parfaites quoi, comme vous savez si bien l'être. Alors dès maintenant, on va envahir les plages, se brûler « sous le soleil exactement », compter les grains de sable qui courent sur notre peau, se jeter dans les vagues fraîches du mois de mai, siroter une, deux, trois coupes de Veuve, tremper des sucettes dedans, picorer des pistaches, touiller des carottes dans du jus de citron, s'enduire d'huile parfumée à la vanille pour être fin prêtes le moment venu... On va se mettre au vélo aussi. D'abord parce que ça muscle les cuisses, ensuite parce qu'avec le flux des voitures qui vont débarquer dans les rues beyrouthines, on va frôler l'asphyxie. Le vélo c'est très bien. Ils devraient nous faire un vélo'lib d'ailleurs à Beyrouth. On devrait leur dire à nos jeunes candidats. Il y aurait une station à Gemmayzé, une à Bliss, une à Hamra, une autre à Sassine. On y glisserait quatre pièces de 500 LL et hop, à nous les rues de Beyrouth, les darak qui font passer au rouge, les pots d'échappement engorgés de mazout et les camionneurs aux regards lubriques. On va oublier le vélo je pense... Et se concentrer sur les salles de sport, le Power Plate, les VIP et autres restructurateurs de silhouettes. Cet été, on sera beaux, on sera belles, parce qu'on le vaut bien. Et on le doit... Une fois l'été venu, on ira sur tous les roof tops de la capitale et des grandes villes. On commencera nos soirées dans les bars de Gemmayzé et on continuera jusqu'à pas d'heure sur les hauteurs. On ira danser avec nos potes, lovés dans les lounges VIP des endroits branchés, s'égosiller sur les derniers morceaux du moment. On côtoiera les bimbos, les bobos, les techtonik teen-agers en mal de vivre. Et on croisera avec plaisir les stars et vedettes qui viendront à des heures indues terminer leur after d'après concert, d'après festival. Comme Mika l'année dernière. On égrénera d'ailleurs ces B festivals : Baalbeck, Beiteddine, Byblos. Les trois grands événements de l'été dont on ne connaît pas encore la programmation, mais dont on salive l'idée parce que les pronostics sont alléchants. On ira aux Off des festivals, car c'est souvent là que tout se passe. Que viennent les meilleurs artistes libanais, que la foule s'éclate... On se fera inviter à des soirées, des finger food parties, des mariages en veux-tu en voilà. On se lâchera pendant les soldes, se léchant les babines devant les bonnes affaires de la saison, devant une paire de Louboutin ou une robe Diane bradées pour l'honneur. Et on portera toutes ces fringues, parce que cet été on sera beaux. Beaux et séduisants. Radieux, heureux, gorgés de soleil, d'iode et d'air de la montagne. « On fera ce que l'on veut avec nos cheveux » enduits de sel de mer et de chlore, kerastasés jusqu'à la pointe. On oubliera les déceptions de l'automne, les soucis de l'hiver, les désœuvrements du printemps et on se jettera pleinement dans la furie de l'été libanais. Cet été qui s'annonce prospère, riche, heureux - comme « au bon vieux temps ». Comme en 1974, comme avant... Enfin, si tout va bien et si aux alentours du 7 juin, on vient pas nous emmerder, nous titiller notre joie. Mais ça n'arrivera pas. Parce que cet été, on sera beaux et le Liban avec.
Il fait beau, il fait chaud. Le soleil brille déjà. Le ciel est bleu, les oiseaux gazouillent, les plages commencent à ouvrir, les orteils se dévoilent, les jupes se raccourcissent, les jambes se dénudent, les salles de sport ne désemplissent pas, les instituts de beauté non plus. Cet été s'ra chaud et on sera beau. Cet...

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