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Liban - Législatives 2009 : les circonscriptions à la loupe

À Tripoli, un imbroglio avec comme enjeu possible, en filigrane, la présidence du Conseil

Contrairement aux autres circonscriptions du pays où les listes électorales commencent à prendre forme et les enjeux de la bataille à se préciser, la situation à Tripoli reste, à ce jour, confuse pour ce qui est des alliances et du nombre de listes concurrentes en présence. Le paysage politique dans la capitale du Nord est d'autant plus nébuleux que la vraie bataille se situe clairement en dehors de la rivalité traditionnelle entre les camps du 8 et du 14 Mars pour se cristalliser exclusivement sur le camp sunnite.
À Tripoli, la concurrence tourne ainsi autour du leadership sunnite, mais c'est surtout entre Nagib Mikati et Mohammad Safadi que la compétition s'annonce vive, tant il est vrai que les deux candidats convoitent, à travers ces élections parlementaires, le poste de futur chef du gouvernement. Un enjeu de taille qui va immanquablement se répercuter sur les négociations et les alliances qui se concoctent.
Dans les faits, et selon les informations qui ont récemment filtré sur les tractations en cours, il apparaît de jour en jour que la mise en place d'une liste de coalition, sur recommandation syro-saoudienne, semble d'autant plus difficile que les quotes-parts à répartir au sein d'une même liste sont en deçà des ambitions exprimées çà et là. Alors que Safadi (7 % des votes) exige, en plus de sa candidature, celle d'un colistier qu'il choisirait lui-même soit parmi la communauté sunnite soit au sein de la communauté alaouite, Nagib Mikati (7,5- 8 % des votes) formule pour sa part les mêmes exigences en termes de sièges, et insiste sur son candidat favori, Ahmad Karamé, surtout que Jean Obeid a été  écarté du jeu des alliances.
La candidature d'un responsable Kataëb, Samer Saadé, originaire du Batroun, au siège maronite de la ville  n'a pas aplani les difficultés, bien au contraire. Selon une source tripolitaine, la candidature de Saadé ne saurait être acceptée par la rue sunnite de Tripoli, qui refuse, à en croire cette source, qu'un « étranger », encore moins un membre des Kataëb, vienne s'implanter dans la ville suite à un compromis conclu par le Courant du futur pour régler un contentieux à Batroun entre les FL et les Kataëb.
Mais les complications ne s'arrêtent pas là. Car si l'hypothèse d'une liste de coalition regroupant le Courant du futur (30 % des voix), Safadi et Mikati venait  à se préciser dans les jours à venir, cela préluderait à des négociations encore plus serrées, Saad Hariri ne pouvant en même temps se réserver la part du lion et contenter, en même temps, ses deux autres alliés sur la liste. Tôt ou tard, il devra sacrifier certains de ses propres candidats (on parle notamment de Misbah el-Ahdab) pour parvenir à ce difficile compromis.
D'où une seconde possibilité, à savoir la mise en place de trois listes et non de deux, une rumeur qui circule dans certains milieux politiques informés.
La première, celle de l'opposition, parrainée par Omar Karamé, la seconde, indépendante, concoctée par Nagib Mikati, qui réuniraient un bloc de quatre candidats, la troisième, celle de Saad Hariri, scellant son alliance avec Mohammad Safadi, que le chef de la majorité continue de préférer à Mikati, quand bien même il aurait souhaité regrouper sous sa houlette ces deux pôles sunnites.
Cette hypothèse n'est toutefois pas dénuée de complications encore moins de calculs électoraux qui diffèrent d'un leader sunnite à l'autre. À ce propos, des sources tripolitaines informées  affirment que Nagib Mikati, qui a désormais le vent en poupe à la fois auprès des Saoudiens, des Syriens, voire même du camp occidental, s'avère être de plus en plus le candidat favori à la tête du prochain gouvernement, se posant ainsi comme un concurrent de taille face à Saad Hariri qui convoiterait également le même poste.
Ce serait d'ailleurs la raison pour laquelle Nagib Mikati  aurait « décidé de faire cavalier seul », ne pouvant accepter de se placer, avec ses candidats choisis au sein des communautés non sunnites, sur une liste de coalition où la compétition est acharnée (5 sièges sunnites, 1 alouite, 1 grec-orthodoxe, 1 maronite).
Ainsi, soutiennent ces sources, la tactique de M. Mikati consisterait à laisse planer le doute sur une éventuelle alliance avec Hariri, pour s'en retirer sitôt prétextant une mésentente dont il ferait assumer la responsabilité au chef de la majorité.
Cette hypothèse se trouve d'autant plus vérifiée que Nagib Mikati sait pertinemment qu'il ne pourra se substituer sur la liste dite de coalition à Safadi, son second concurrent,  qui reste, semble-t-il, l'allié de premier choix de Saad Hariri du fait de l'expérience réussie de leur association.
Dernière inconnue dans cet imbroglio tripolitain, le vote de la Jamaa islamiya qui, à ce jour, n'a réussi à placer aucun de ses candidats sur la liste haririenne à Tripoli comme à Beyrouth. Ayant déjà annoncé, de manière indépendante, trois de ses candidats, la formation islamiste entend négocier le transfert de ses votes en direction du 14 Mars aussi bien que du 8 Mars, selon que l'un ou l'autre accepte d'inclure ses candidats sur leur liste.
Une chose est sûre : ce n'est certainement pas demain que l'énigme sera résolue dans  la capitale du Nord. En voyage depuis quelques jours, M. Mikati est attendu demain à Beyrouth, pour un nouveau round de négociations après avoir échoué, samedi dernier, à se faire entendre par Saad Hariri. Affaire à suivre.
Contrairement aux autres circonscriptions du pays où les listes électorales commencent à prendre forme et les enjeux de la bataille à se préciser, la situation à Tripoli reste, à ce jour, confuse pour ce qui est des alliances et du nombre de listes concurrentes en présence. Le paysage politique dans la capitale du Nord est d'autant plus...
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