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La présidentielle algérienne, un scrutin sans illusion - Éclairage

Vingt ans après la mort du parti unique, le multipartisme toujours à la peine

Lors de son élection en 1999 pour son premier quinquennat, Abdelaziz Bouteflika a durci les conditions de création des partis.

Vingt ans après la fin officielle du système du parti unique en 1989, le multipartisme peine à s'imposer en Algérie où le chef de l'État sortant, Abdelaziz Bouteflika, n'a aucun adversaire de taille lors de l'élection présidentielle du 9 avril. « Le multipartisme est un mort-né en Algérie parce qu'il a été instauré avec d'autres intentions que la pluralité », tranche l'ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali (1990-92) qui attend depuis 10 ans l'agrément de son parti, le Front démocratique. C'est après de sanglantes émeutes populaires en octobre 1988 que l'Algérie, dirigée alors par le Front de libération nationale (FLN) qui avait conduit à l'indépendance du pays en 1962, se dote en 1989 d'une nouvelle Constitution légalisant le pluralisme politique. Une soixantaine de partis sont reconnus dans la foulée, dont certains agissaient depuis longtemps dans la clandestinité comme le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) et le Front des forces socialistes (FFS) des dirigeants indépendantistes Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie, et Hocine Ait-Ahmed.
L'Algérie connaîtra pendant deux ans un printemps démocratique qui la mènera au bord du chaos lorsque le Front islamique du salut (FIS, dissous) arrivera aux portes du pouvoir en remportant, en décembre 1991, les premières élections législatives pluralistes jamais organisées dans le pays. Animé par le projet d'instaurer une république islamique, son ascension sera brisée par l'armée, le pays sombrant dans des violences massives qui ont fait plus de 150 000 morts et subsistent encore ponctuellement. L'ouverture politique était en réalité un « leurre » et « le pouvoir était dans une logique de pérennisation », dénonce encore M. Ghozali.
Pour le sociologue Ali Bensâad, l'échec du multipartisme est imputable à la conjonction de deux facteurs : « son refus par de larges franges du pouvoir et la montée de la violence ». « On a commencé par faire avorter le pluralisme par des luttes à l'intérieur même du pouvoir. La violence islamiste y a ensuite contribué en provoquant en plus un traumatisme du corps social. Aujourd'hui, nous sommes dans une régression générale », analyse-t-il. Résultat, « c'est l'administration qui domine la scène politique aujourd'hui », estime le politologue Mohamed-Chafik Mesbah, ancien officier des services de renseignements, pour qui le régime algérien « est exemplaire par sa résistance et sa capacité à phagocyter l'opposition ». Selon lui, le pays connaît aujourd'hui « un recul sur tous les plans » puisqu'il n'y a pas de « véritable représentation politique ni syndicale ». Il en veut pour preuve les émeutes qui éclatent de manière cyclique à travers le territoire et qui expriment « un sentiment de défiance » de la population.
Lors de son élection en 1999 pour son premier quinquennat, Abdelaziz Bouteflika a dénoncé l'ouverture politique « débridée » de 1989 qui a permis une floraison de partis dans une société qui, selon lui, n'était pas prête à vivre dans un modèle de démocratie à l'occidentale. Il a d'ailleurs durci les conditions de création des partis, alors qu'une ancienne loi permettait à quinze personnes de former une « association à caractère politique » qui se voyait ensuite reconnaître le statut de parti.
Pour l'élection du 9 avril, M. Bouteflika se présente face à cinq adversaires sous l'étiquette de « candidat indépendant », avec le soutien de l'Alliance présidentielle formée par les trois partis dominant l'Assemblée nationale. Il s'agit du FLN, du Rassemblement national démocratique (RND) et du Mouvement de la société pour la paix (MSP).
Vingt ans après la fin officielle du système du parti unique en 1989, le multipartisme peine à s'imposer en Algérie où le chef de l'État sortant, Abdelaziz Bouteflika, n'a aucun adversaire de taille lors de l'élection présidentielle du 9 avril. « Le multipartisme est un mort-né en Algérie parce qu'il a...