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Moyen Orient et Monde - Reportage

Sept ans après la fin de la guerre en Angola, Serafim retrouve les siens

Le Comité international de la Croix-Rouge a mis en place un programme de réunification des familles.
« C'est mon frère, c'est mon frère », répète Serafim Vunda dans la voiture de la Croix-Rouge. Après dix ans de séparation, le jeune homme, enrôlé dans la guerre civile en Angola alors qu'il n'était encore qu'un enfant, revoit enfin ses proches. « Je rêve de ce moment depuis très longtemps : d'être à la maison. C'est vraiment possible de revoir sa famille même après tout ce temps. C'est pour moi une nouvelle vie, un nouveau départ », confie avec une grande retenue Serafim, qui assure avoir 18 ans mais semble beaucoup plus jeune.
Il a pu retrouver sa famille grâce à un programme de réunification du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui, depuis la fin des 27 ans de conflit en 2002, a identifié 2 000 enfants perdus et réuni 750 familles sur 430 000 avis de recherches. Après 34 ans de services, le CICR, spécialisé dans les zones de conflit, passe maintenant le relais à la Croix-Rouge angolaise. Serafim est donc l'un des derniers à profiter du programme dans un pays où son histoire ressemble à celle de milliers d'autres. En 2000, alors qu'il n'a que huit ans, il est enlevé avec une vingtaine d'autres enfants par des rebelles de l'Union nationale pour l'indépendance totale en Angola (Unita). Pendant deux ans, il transporte leurs armes et leurs provisions dans la forêt du nord de l'Angola. Lui survit uniquement avec des restes de nourriture. Les filles, une fois pubères, doivent suivre les soldats et reviennent parfois enceintes, se souvient-il, le visage fermé. « C'était très dur, finit par lâcher Serafim, son corps chétif comme crispé par le stress. Nous devions obéir, autrement ils nous battaient. »
À la fin de la guerre, il rentre chez lui à Negage, dans le nord du pays, pour n'y retrouver que des bâtiments brûlés ou criblés de balles. Sans famille, le garçon de dix ans se débrouille à nouveau pour survivre jusqu'à ce qu'il rencontre une bonne âme, qui accepte de le prendre en charge. L'enfant, qui n'a été que quelques mois à l'école, sait à peine lire et écrire. Il travaille dans les champs et aide parfois sa nouvelle famille à vendre dans la rue pommes de terre et maïs.
Sept ans plus tard, son rêve se réalise enfin grâce à un volontaire de la Croix-Rouge de passage à Negage. À partir des informations fournies par Serafim et un avis de recherches de sa mère, l'organisation fait le lien entre les deux. Après un voyage de plusieurs centaines de kilomètres, il retrouve sa mère, son oncle, sa grand-mère et ses cinq frères et sœurs dans le village reculé de Mussende (Centre).
Helena Azevedo prend son fils dans ses bras puis se recule, les yeux fermés, submergée par l'émotion. Cette femme de 43 ans pensait ne jamais le revoir. Elle est retournée dans son village natal après avoir perdu son mari, tué pendant la guerre, puis son fils. « C'est le moment que j'espérais. J'ai attendu pendant des années, mais maintenant mon fils est ici », lance-t-elle, apaisée, tout en n'osant serrer à nouveau Serafim dans ses bras.
De nombreuses familles n'ont pas la même chance et des milliers d'enfants restent séparés de leurs parents. Or, certains craignent que, faute de ressources, la Croix-Rouge angolaise ne puisse s'occuper aussi activement de la réunification des familles que le CICR. « Le fait que ce processus prenne fin est très triste, regrette Rafael Diassonama, employé depuis dix ans par le CICR. Nous savons qu'en réalité il y a encore beaucoup de familles qui ont besoin de notre aide. »

Louise REDVERS (AFP)
« C'est mon frère, c'est mon frère », répète Serafim Vunda dans la voiture de la Croix-Rouge. Après dix ans de séparation, le jeune homme, enrôlé dans la guerre civile en Angola alors qu'il n'était encore qu'un enfant, revoit enfin ses proches. « Je rêve de ce moment depuis très...
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