Scott Gration a entamé hier une visite de plus d'une semaine au Soudan, au cours de laquelle il doit se rendre au Darfour, théâtre depuis 2003 d'une guerre civile complexe, et au Sud-Soudan, qui sort de 21 ans de guerre civile. « L'objectif de ce voyage est d'apprendre, je viens ici sans illusions, sans idées préconçues et sans solutions. Je suis venu ici pour regarder, apprendre et voir », a-t-il assuré. « Comme mes collègues américains, "j'aime le Soudan" », a-t-il même lancé dans un arabe hésitant.
Les relations américano-soudanaises sont tendues depuis le milieu des années 1990. Accusant le Soudan d'héberger des membres d'el-Qaëda, les États-Unis ont imposé en 1997 des sanctions économiques à ce pays et bombardé un an plus tard un site de la capitale soudanaise. Depuis six ans, le conflit au Darfour est devenu l'une des pierres d'achoppement entre Khartoum et Washington.
La visite de M. Gration intervient près d'un mois après le lancement le 4 mars d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour. En réponse à ce mandat, le Soudan a expulsé 13 ONG internationales importantes actives au Darfour. Les États-Unis ont demandé à plusieurs reprises au Soudan de revenir sur cette décision qui risque d'affecter plus d'un million de personnes déplacées par les violences au Darfour, selon l'ONU. « Nous devons parler de la situation humanitaire au Darfour et nous assurer que les États-Unis et le Soudan travaillent ensemble (...) afin que les populations ne soient pas affectées » par le départ des ONG, a ajouté Ali Sadiq. Des groupes très actifs aux États-Unis, comme Save Darfur, exercent une forte pression sur le gouvernement américain pour un règlement du conflit.
Le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, avaient signé en février au Qatar un « accord de confiance » visant à la tenue à moyen terme de négociations de paix.
Mais le JEM a signifié qu'il se retirait de ces pourparlers tant que Khartoum n'autorisait pas le retour des ONG expulsées.