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Lifestyle - Société

Un arbre pour salle de classe

Dans les zones reculées d'Afrique du Sud, les élèves font feu de tout bois par manque d'écoles décentes et méritant ce nom.
Dans un champ souillé de bouses de vaches, un énorme acacia offre une ombre apaisante dans la chaleur sud-africaine. Ce sont les élèves de l'école primaire de Ndimakude qui en profitent : l'arbre est leur salle de classe. Dans cette petite bourgade de la province rurale de l'Eastern Cape (Sud-Est), les enfants de 4 à 11 ans se pressent chaque jour sous l'imposant épineux, les yeux tournés vers le tableau noir accroché à son tronc.
« Aujourd'hui, le temps est avec nous, il n'y a pas beaucoup d'absents », se réjouit la directrice, Bulelwa Nkaitshana. « Quand il pleut, ils sont moins nombreux », ajoute-t-elle. Mais, espère-t-elle, les choses iront mieux dès que les villageois auront terminé la petite masure de terre battue en construction dans le fond de la cour. « Je sais que, vu de l'extérieur, ça peut sembler bizarre, mais c'est tout ce que nous avons », dit-elle.
Quatre-vingt-sept enfants des environs, une zone très vallonnée, sont inscrits dans cette école, baptisée Zandise, dont la vétusté illustre un des enjeux majeurs des élections générales du 22 avril en Afrique du Sud. Quinze ans après la chute du régime raciste d'apartheid, le système éducatif reste très inégalitaire avec des écoles privées dernier cri dans les anciens quartiers blancs des centre-ville et des établissements de fortune dans les zones les plus reculées. Le gouvernement, dirigé par le Congrès national africain (ANC) depuis 1994, n'a pourtant cessé d'augmenter le budget de l'Éducation nationale, qui représente aujourd'hui l'un des plus élevés des pays en développement, à plus de 20 milliards de rands (1,6 milliard d'euros) pour 2008-2009.
À Zandise, cela s'est concrétisé par un léger mieux. Pendant huit ans, un seul enseignant était chargé de tous les enfants, mais trois nouveaux instituteurs sont venus le seconder en 2007. Pour le reste, les besoins restent criants. « Dire que nous sommes sous-équipés est un euphémisme. Nous n'avons rien du tout. Et nos demandes n'ont pas été entendues au sein du ministère de l'Éducation », déplore la directrice. « Nous espérons que la construction d'écoles sera une priorité du prochain gouvernement », ajoute-t-elle, alors que ses élèves récitent leurs tables de multiplication en isiXhosa, leur langue natale.
Le gouvernement entend bien rénover 835 écoles vétustes de l'Eastern Cape au cours des trois prochaines années, promet le porte-parole des services éducatifs de la province, Loyiso Pulumani. « Le combat pour construire des écoles décentes est une tâche ardue », ajoute-t-il toutefois, comme pour justifier le retard pris par le gouvernement, qui avait promis de venir à bout des écoles en terre battue avant 2004. Or, selon une enquête réalisée en 2007, un quart des 29 000 écoles du pays sont en mauvais état, dont 61 % dépourvues d'assainissement, surtout dans les zones rurales.
« Le délabrement des écoles de l'Eastern Cape est aggravé par une administration provinciale qui fonctionne mal », accuse Graeme Bloch, spécialiste de l'éducation au sein de la Banque de développement de l'Afrique australe. « Environ 80 % du budget sert à payer les enseignants, il ne reste pas grand-chose pour les infrastructures », ajoute-t-il.
Ce qui a parfois des conséquences inattendues : à Zandise, les cours sont régulièrement interrompus par du bétail en errance, ou des passants qui hèlent le professeur.
« J'adore l'école, mais parfois j'aimerais bien que la nôtre soit un peu mieux », confie une des élèves, Sikho Mazwi, âgée de 11 ans. « Je voudrais pouvoir m'assoir à un pupitre plutôt que par terre. C'est très poussiéreux par ici », conclut-elle.
Dans un champ souillé de bouses de vaches, un énorme acacia offre une ombre apaisante dans la chaleur sud-africaine. Ce sont les élèves de l'école primaire de Ndimakude qui en profitent : l'arbre est leur salle de classe. Dans cette petite bourgade de la province rurale de l'Eastern Cape (Sud-Est), les enfants de 4 à 11 ans se pressent...

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