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Lifestyle - Société

Les falafels, c’est bien nous !

La « guerre gastronomique » entre le Liban et Israël fait encore des remous. Après le hommos et le taboulé que le pays voisin a voulu s'approprier, c'est au tour du falafel de créer la polémique. La production de « Questions pour un champion » l'attribuant à Israël, un groupe de jeunes Libanais proteste et il obtient gain de cause !
Nul besoin d'une occasion particulière pour grignoter des falafels bien croustillants. L'envie de se gaver de ces délicieuses boulettes frites à base de pois chiche et de fèves, avec en option sauce, tomates, poivrons et cornichons, vient souvent spontanément. Mais ce soir-là, le dîner de falafels qu'a partagé Carine avec ses amis n'avait rien d'improvisé.  Car ils s'étaient donné rendez-vous, lundi 16 mars au Club 43, à Gemmayzé, pour célébrer une délicieuse victoire contre Israël. Il s'agit ici d'une petite guerre, certes, celle de la gastronomie. Mais qu'importe !

La boulette de Lepers
Tout a commencé la semaine dernière, lorsque Carine Basile, ingénieur, regardait la « Coupe de la langue française 2009 » de Questions pour un champion sur France 3. Julien Lepers pose la question suivante : « Quel plat israélien préparé à base de pois chiche et de fèves est servi en boulettes frites ? » Réponse : le falafel. Dynamique comme elle est, la jeune fille ne tarde pas à réagir. Elle se connecte au site Internet de France 3, clique sur la case « contactez-nous » et proteste contre la formulation de la question, en expliquant que le falafel est une spécialité moyen-orientale et non pas israélienne. Elle appelle ensuite une dizaine de ses amis et leur demande de faire de même. À sa grande surprise, Carine reçoit, quelques heures plus tard, un message d'excuse de la part de la production de Questions pour un champion, en affirmant que le falafel est bel est bien un mot arabe et qu'il « aurait été plus judicieux de parler de cuisine moyen-orientale ». Plus encore, le programme s'engage à  rediffuser la question dans sa bonne formulation le soir du 16 mars sur France 3. « Je crois qu'ils ont répondu à notre requête parce que nous étions nombreux à réagir contre cette question. Chacun de nous leur a donné une explication différente. L'un a écrit que le falafel est syrien, l'autre a indiqué que c'est un met égyptien, un troisième leur a précisé que sa grand-mère, née en 1920 - c'est-à-dire plusieurs années avant la création d'Israël -, en raffolait dans sa jeunesse, etc., poursuit-elle. Nous avons été très insistants. »

Pari gagné
Lundi, 21 heures, Le groupe - 20 personnes au moins - est réuni autour d'un grand plat de falafels dans la salle de télévision du Club 43 pour savourer, ensemble, le succès de sa démarche.
21h35, la voix de Julien Lepers résonne dans tout le club. Très vite, la salle est bondée de nouvelles têtes, attirées tant par l'odeur du falafel que par les discussions animées sur l'origine exacte de ce plat.
Le premier round de questions commence, c'est le silence total. Tout le monde écoute avec attention le célèbre présentateur français qui fait durer le suspense. Soudain, une question sur le pays du Cèdre. L'audience retient son souffle. « Le 20 mars 2009, dans quelle ville du Liban se déroulera la Journée officielle de la francophonie? » demande Lepers. « Falafel », lance quelqu'un en riant. « Beyrouth ! » crie un autre, une boulette à la main. Bonne réponse.
Les questions s'ensuivent et toujours aucune allusion au sujet qui fâche. Carine et ses amis s'impatientent, mais l'ambiance reste détendue. « Après tout, nous sommes ici pour passer un moment agréable ensemble », dit-elle.
Julien Lepers s'apprête à poser une nouvelle question. « Quel mot arabe... », dit-il, le silence devient plus lourd dans la salle, « quel mot arabe désigne, au Moyen-Orient, un plat à base de pois chiche et de fèves servi en boulettes frites ? ». « Falafel, falafel, falafel ! » s'exclame alors en chœur le public du Club 43. La mise au point ainsi faite, le pari est gagné.
Cet épisode n'est pas le premier dans la « guerre gastronomique » entre le Liban et Israël. En octobre dernier, le président de l'Association des industriels libanais, Fadi Abboud, envisageait d'entamer une action en justice contre l'État hébreu. Il l'accusait de vouloir s'approprier la culture culinaire libanaise en distribuant à l'étranger des produits traditionnels comme le hommos ou encore la taboulé sous label israélien.
« C'est une petite victoire, mais elle nous a permis de prouver que c'est en s'unissant que les Libanais peuvent changer les choses », affirme Carine Basile, inspirée. Vu le succès de sa démarche, cette activiste au sein de la société civile s'apprête à présent à lancer une campagne de surveillance des médias. « Les médias représentent une arme très importante qui peut avoir des effets très nocifs sur la société, dit-elle. Nous espérons que leur influence sera davantage investie en faveur de la paix. »  En attendant, sahtein !
Nul besoin d'une occasion particulière pour grignoter des falafels bien croustillants. L'envie de se gaver de ces délicieuses boulettes frites à base de pois chiche et de fèves, avec en option sauce, tomates, poivrons et cornichons, vient souvent spontanément. Mais ce soir-là, le dîner de falafels qu'a partagé Carine avec ses amis...

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