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Liban - Patrimoine

L’automutilation du Liban

Terre de « culture » et du « savoir », le Liban ?
Un pays plutôt barbare où la destruction s'est érigée en règle et le chaos en norme ; où le mercantilisme sévit et le laxisme de l'État règne.... Les historiens n'auront plus bientôt qu'à écrire les annales d'un pays livré à l'automutilation.
Un pays qui ne respecte pas son espace public et son héritage historique, et qui, en l'occurrence, n'en finit pas d'agresser ses sites naturels, en exploitant des carrières, en assassinant ses arbres, en polluant ses ressources d'eau et en s'appropriant le domaine public maritime, un de nos biens les plus précieux.
En dépit du cri d'alarme lancé par beaucoup de Libanais soucieux de la sauvegarde de leur nature et de leur patrimoine, dont récemment Walid Joumblatt, le bilan risque de s'alourdir avec une nouvelle victime : l'hippodrome romain de Wadi Abou Jmil.
Ce « circus » qui a défié les siècles va-t-il mourir au pied du Grand Sérail et de la résidence d'un des principaux dirigeants du pays, qui ne manifestent nulle préoccupation en matière de patrimoine ? Sera-t-il détruit avec l'aval des responsables, qui assistent indifférents à la désintégration de notre mémoire collective ?
Les faits illustrent une mentalité permissive au détriment de l'intérêt collectif : les projets de lois élaborés pour la préservation du patrimoine par trois anciens ministres de la Culture, Michel Eddé, Ghassan Salamé et Tarek Mitri, sont bloqués au niveau du Parlement. Le plan d'aménagement du territoire, fournissant peut-être l'occasion de redresser la situation et de sauver ce qui reste à sauver, attend depuis trois ans d'être approuvé par le Conseil des ministres. Entre-temps, les demeures traditionnelles, représentatives de notre patrimoine architectural, sont démolies au profit d'une spéculation sauvage qui consume le paysage, empiète sur les vestiges archéologiques, lieux où reposent des siècles d'histoire et où se mêlent les héritages les plus divers.
Aujourd'hui, l'effroyable incurie des autorités risque d'atteindre son apothéose par un désastre : la destruction d'une composante essentielle du paysage urbain de la Colonia Julia Augusta Berytus, l'hippodrome romain.
L'objectif de Solidere, propriétaire du terrain où repose le circus, est la reconstruction du centre-ville. C'est très louable. D'autant qu'il ne faudrait pas figer ce dernier dans le temps en le transformant en musée à ciel ouvert. Mais ne faut-il pas rappeler à l'impénitente société qu'en faisant resurgir l'antique Liban, on contribue aussi à bâtir la paix en consolidant la mémoire et l'identité ? Que trop de dégâts ont déjà eu lieu lors des fouilles urbaines, entre 1993 et 1998 ? Et qu'en rasant l'hippodrome, Solidere ne sera pas à son premier coup d'essai, bien plus, « ce serait la plus grande catastrophe archéologique jamais vue dans le monde », soutiennent les archéologues.
Pour M. Siniora, nul n'est censé ignoré la TVA. Pour nous, nul n'a le droit de rejeter les impératifs socioculturels d'une population. Ni d'effacer les témoins de l'histoire du Liban qui doivent être préservés pour les générations présentes et futures. Le patrimoine, qui est l'âme même d'une civilisation, son dépôt sacré, ne peut être traité comme une simple marchandise... L'hippodrome doit être sauvé coûte que coûte. L'urgence est là.
Terre de « culture » et du « savoir », le Liban ?Un pays plutôt barbare où la destruction s'est érigée en règle et le chaos en norme ; où le mercantilisme sévit et le laxisme de l'État règne.... Les historiens n'auront plus bientôt qu'à écrire les annales d'un...
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