« Beaucoup de chiites ont mal compris le concept de "takia". L'imam Mohammad Mahdi Chamseddine m'avait dit que le mot "takia" vient du mot "takwa", c'est-à-dire piété, c'est-à-dire la peur de Dieu, indique Saoud el-Mawla. Pour l'imam Chamseddine et pour de nombreux ulémas, et ils utilisaient à l'appui de leur thèse tous les "hadiths" des douze imams, la "takia" signifie faire partie de la société, ne pas se distinguer des autres, mais pas dans le sens de l'hypocrisie ou de l'attitude visant à cacher ses convictions. La "takia" signifie donc s'intégrer totalement dans la vie politique et sociale. Mais pour d'autres ulémas, la "takia" signifie mentir, cacher ses convictions pour que à un moment donné, lorsqu'on est fort, on puisse renverser la situation. »
« Pour les chiites, tout gouvernement est un gouvernement usurpateur, injuste, à l'exception du gouvernement qui va être instauré par l'imam Mahdi, ajoute Saoud el-Mawla. C'est lui seul qui peut annoncer le jihad, instaurer le gouvernement juste, le gouvernement de la justice divine. D'ici là, on est dans l'attente, on pratique la "takia", c'est-à-dire qu'on ne doit pas travailler pour instaurer un gouvernement islamique, mais travailler pour reformer les gouvernements existants. Telle était la position des imams, depuis l'imam Ali, et jusqu'au douzième imam, position reprise par les fouqaha, les ulémas musulmans, les marjaa. »
« Cela ne signifiait pas pour autant qu'il ne fallait pas participer à des révolutions, à la vie politique, à des protestations, à des mouvements en faveur de réformes, poursuit-il. Preuve en est l'émergence de plusieurs États "chiites", tels que le gouvernement Bouweihy (une famille chiite) à Bagdad du temps des Abbasides (VIIIe-IXe siècle), ainsi que plusieurs autres gouvernements et États chiites durant les VIIIe, IXe, Xe et XIe siècles, ou les révolutions populaires qui ont jalonné l'histoire de l'islam, ou la pratique politique des imams avec tous les gouvernements Omeyyade, Abbaside et autres. »
« Beaucoup d'indications tendent à confirmer que la "takia" ne voulait pas dire se désintéresser totalement de la chose publique, sans pour autant former un gouvernement islamique, car seul le Mahdi peut former un tel gouvernement car il est infaillible, il est nommé par Dieu, et les humains ne peuvent pas accomplir la justice divine », conclut Saoud el-Mawla.
La période durant laquelle les chiites attendaient le « Mahdi » était appelée la « période de l'attente » (intizar). Toute leur vie, les chiites doivent attendre le retour du « Mahdi ». Durant cette attente est né le concept de la « takia », qui signifie aujourd'hui...
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