Les voix célestes de Stile Antico

Dans cette petite église de Mar Nohra (saint patron des aveugles) de Smar Jbeil, construite à l'époque des croisés, à l'architecture romane et aux murs en chaux blanc et bleu couleur lumière, douze jeunes gens et jeunes filles venus d'Angleterre se sont alignés respectueusement devant un autel de toute beauté et ont fait revivre devant une audience recueillie les anciens chants religieux et les madrigaux composés par de grands compositeurs flamands, espagnols ou italiens.
De Jacob Clemens Non Papa, jalon incontournable de la création musicale européenne du XVIe siècle, à Giovanni Pierluigi da Palestrina, représentant de la Renaissance et le plus connu des compositeurs musicaux catholiques, en passant par Orlandus Lassus, compositeur de l'école franco-flamande, l'assemblée voyagera durant plus d'une heure sur les ailes du temps, s'imprégnant tantôt des textes liturgiques et mystiques, tantôt des amours galantes et des malheurs poétiques infligés à l'amoureux. Des alleluias et des magnificats à la gloire du Seigneur Tout-Puissant et de la Sainte Vierge, le tout a cappella, ont fini par emporter l'audience dans une sphère hors temps. Ce temps qui semble s'être suspendu l'espace d'une soirée dans cette petite église à la forme carrée et aux voûtes romanes.
Polyphonique ou monodique, la musique vocale sacrée de Stile Antico est intense, dramatique, fervente. Simplement sublime. Elle traduit la passion de ces douze jeunes gens et jeunes filles, qui se réunissaient durant les vacances pour conjuguer à tous les temps leur passion pour ce mode de chant.
 Après avoir été remarqués par un responsable de l'Harmony Mondi à un concours, les jeunes universitaires décident un jour de réaliser une compilation. Actuellement, ils en sont à leur quatrième. Sans chef d'orchestre, ce groupe, qui aime mettre en commun son travail, a offert, au public légèrement transi de froid, une musique... De quoi réchauffer le cœur.