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Culture - Festival al-Bustan

Bravoure absolue avec Libor Novacek

Un programme aux phosphorescences profondément impressionnistes. Le piano, sous les doigts experts de Libor Novacek, a chanté, avec une bravoure absolue, toutes les couleurs des saisons et les sensations les plus fugaces...
Un pianiste hors pair pour un menu alléchant, qui sort littéralement du rang. Plus de deux heures de musique (pour les nombreux « pianophiles » présents, un régal inespéré) où de Johan Brahms à Frantz Liszt, en passant par Claude Debussy et Leos Janacek, le clavier a fait miroiter les plus séduisantes des images entre tons pastel, contours charbonneux, lumière vive et clair de brume...
Sanglé dans un frac noir avec papillon blanc, les cheveux en brosse soigneusement gominés, le pianiste Libor Novacek, sacré comme l'un des meilleurs interprètes de Liszt, a l'élégance aussi fracassante que son remarquable jeu au piano, pourtant calculé au milligramme près pour un respect absolu du son et de ses plus secrètes et subtiles
nuances...
Pour ce concert unique au Bustan, Libor Novacek célébrait, dans une ferveur contagieuse au clavier, sa 600e performance en public...
Ouverture avec les huit Klavierstûck de Brahms. Pages denses et graves, mais non dénuées d'une certaine poésie ardente et diaphane. Avec des envolées pour des rêveries parfaitement dans le ton d'un romantisme à la fois frémissant et ombrageux. On soupçonne évidemment que l'esprit et l'amour de Clara flottent autour de ces lignes exhalant soupirs et chuchotements...
Changement de ton, d'humeur et de paysage avec les Préludes de Claude Debussy. Préludes (Brouillards, La Puero del vino, Les fées sont d'exquises danseuses, Bruyères, Général Lavine, Ondine, Feux d'artifice) qui font vivre de splendides et radieuses images d'une grande richesse sonore, pour le plaisir, la variété des couleurs et la liberté des cadences, des rythmes et des mélodies. Monde vaporeux, au brillant mystérieux, baigné par une rosée délicate pour des pages qui ont l'allure d'une sereine et impalpable estampe.
Après l'entracte, retour au pays natal de l'artiste avec un ensemble d'opus autobiographiques de Leos Janacek, cet autodidacte d'exception. Souvenirs, prémonition, sentiment d'amour et de déception pour une narration en teintes graves, oscillant entre mélancolie, vague à l'âme et élan d'espoir. Des bobos du cœur que le compositeur coule dans une expression non sans romantisme, mais qui ne craint pas non plus de faire des virées du côté de la modernité. Pour le compositeur de Jenufa, ces brillantes et tendres variations sur des souvenirs jamais éteints sont l'occasion de faire revivre l'enfance et ses promesses sur les touches d'ivoire, avec une sensibilité tout en tonalités feutrées et parfois enrobées de malice...
Pour conclure, promenade d'amour avec la comtesse Marie d'Agoult et son amant, le plus virtuose des pianistes, Frantz Liszt. Promenade éminemment romantique sur fond de paysages de cartes postales en Suisse avec Les Années de pèlerinage. Des douceurs de l'eau et au rire de ses cascades, avec Au bord d'une source aux mugissements menaçants de La Vallée d'Oberman, en passant par cet effrayant Orage aux chromatismes échevelés, rien ne manque à ce tableau exclusivement romantique. Toute la force et toute la puissance de l'écriture de Liszt sont dans ces pages éblouissantes de virtuosité. Contorsion des doigts, célérité à couper le souffle, appoggiatures monumentales, incroyable richesse sonore et surtout un piano totalement habité de féerie sont l'apanage de ces morceaux d'anthologie pianistiques.
Jeu hypnotique et jouissif de Libor Novacek qui, tout en ayant toutes les attitudes extatiques d'un artiste possédé par son art, n'en garde pas moins une place de choix pour une intense et farouche intériorité. Descente au plus près de soi pour une quête en profondeur des sons...
Frénétiques salves d'applaudissements d'un public toujours inassouvi, malgré plus de deux heures de musique. En bis, du Manuel de Falla. Ce sorcier d'amour de piano aux notes incendiées... Fougueux et impétueux Novacek, qui a donné un de Falla plus flamboyant et rougeoyant que jamais...
Un pianiste hors pair pour un menu alléchant, qui sort littéralement du rang. Plus de deux heures de musique (pour les nombreux « pianophiles » présents, un régal inespéré) où de Johan Brahms à Frantz Liszt, en passant par Claude Debussy et Leos Janacek, le clavier a fait miroiter les plus...

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