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Moyen Orient et Monde - Conférence

Dans ses médiations, l’ONU doit agir avant qu’il ne soit trop tard

C'est une expérience riche de 25 ans que Jan Eliasson, ancien médiateur de l'Organisation des Nations unies (ONU), a partagée, hier à l'AUB, lors d'une conférence organisée par l'Institut Issam Farès. Les missions qu'a effectuées le diplomate suédois et ancien président de l'Assemblée générale de l'ONU concernent des conflits des plus meurtriers comme la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 80, la guerre en Somalie, au Soudan, aux Balkans ainsi que le conflit du Haut-Karabakh. Selon M. Eliasson, plusieurs facteurs importants influencent le processus de médiation dans la plupart des zones de conflit. « Il y a d'abord le degré d'unité au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, dit-il. Ensuite, il est important d'avoir une coopération régionale satisfaisante. Les pays voisins jouent un rôle très déterminant dans toute médiation de paix. Enfin, il est nécessaire que les parties concernées par le conflit soient engagées à l'aboutissement d'une paix. » Le diplomate avance également un facteur pas moins important pour toute médiation de paix : le négociateur en question. « Un bon médiateur doit être capable de surpasser les barrières culturelles, de savoir choisir ses mots, choisir le bon "timing" et, surtout, il doit avoir le courage d'établir une relation personnelle - et non pas intime - avec ses interlocuteurs », explique M. Eliasson. Il donne l'exemple d'une mission qu'il a effectuée à Téhéran en 1982 alors que le pays était en pleine guerre avec l'Irak de Saddam Hussein. « Les Iraniens sont connus pour être des négociateurs persistants et très doués, dit-il. Au troisième jour d'une médiation qui, visiblement, ne menait nulle part, j'étais devenu frustré, et j'ai alors dit aux négociateurs iraniens qu'il nous faut prendre une pause (« break », en anglais). Ma proposition a été mal traduite et les Iraniens ont cru que je voulais rompre les négociations. Lorsqu'ils ont finalement compris mon intention, ils m'ont demandé ce que je comptais faire pendant cette pause. La question ne m'était jamais venue à l'esprit, mais j'ai immédiatement répondu : "Pourquoi ne pas visiter le musée de tapisserie ?" Et c'est ce qu'on a fait. » La médiation de M. Eliasson à Téhéran n'a peut-être pas mis fin au conflit irano-irakien, mais, dit-il, elle a permis d'établir un certain degré de confiance et de respect dans sa relation avec ses interlocuteurs. Concernant le Soudan et les récents développements dans le processus de paix entre les autorités et les rebelles, M. Eliasson, l'ancien envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Darfour, se dit relativement optimiste. « Je crois que c'est un pas sur la voie de la paix et il ne reste plus qu'à espérer que les autres mouvements rebelles rejoignent ce processus, affirme-t-il. Pendant longtemps, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas pris de positions fortes et contraignantes envers le conflit au Darfour. L'ONU, malheureusement, s'est jusque-là comportée comme une brigade de pompiers, en n'intervenant qu'après l'éclatement des conflits. Aujourd'hui, les Nations unies doivent changer d'approche et agir de manière préventive, avant qu'il ne soit trop tard, afin d'éviter des pertes désastreuses tant au niveau humain que matériel et même moral. »
C'est une expérience riche de 25 ans que Jan Eliasson, ancien médiateur de l'Organisation des Nations unies (ONU), a partagée, hier à l'AUB, lors d'une conférence organisée par l'Institut Issam Farès. Les missions qu'a effectuées le diplomate suédois et ancien président de l'Assemblée générale de l'ONU...
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