Très émue, sa comédienne aux origines andines Magaly Solier a brièvement parlé et chanté dans sa langue, le quechua. « Je veux remercier infiniment ma mère, toutes les femmes et vous tous, je dédie ce prix à ma mère et à tout le Pérou ! » a-t-elle dit en espagnol. Elle campe une jeune femme dont la mère a été violée pendant les combats entre l'armée et la guérilla maoïste du Sentier lumineux, et qui souffre d'un mal mystérieux, « la teta asustada » (littéralement « le sein effrayé ») transmis par le sein maternel. Repérée par Claudia Llosa pour son premier film Madeinusa, alors qu'elle vendait des friandises sur les marches de l'église d'un village dans la région d'Ayacucho au Pérou, Magaly Solier a composé des chants en quechua d'une grande beauté pour La teta asustada. Cette production hispano-péruvienne qui exalte l'imaginaire de la culture indienne a vivement ému au 59e Festival international du film de Berlin, dont la sélection était plutôt terne.
Ancien griot, le Malien Sotigui Kouyaté, 72 ans, a fait montre de ses talents de conteur en ponctuant d'un discours-fleuve son Ours d'argent du meilleur acteur pour London River du Franco-Algérien Rachid Bouchareb, qui l'avait déjà dirigé dans Little Senegal en 2001.
Dix-huit films étaient en lice, et les autres prix sont presque tous allés à de jeunes talents. L'Autrichienne Birgit Minichmayr, 31 ans, a été distinguée d'un Ours d'argent pour son rôle dans Tous les autres, portrait tragi-comique d'un couple signé par l'Allemande Maren Ade, dont le film a reçu le prix du jury. De son côté, l'Iranien Asghar Farhadi, 36 ans, a gagné l'Ours d'argent du meilleur réalisateur avec About Elly, où la jeune bourgeoisie de Téhéran joue avec les codes sociaux imposés par l'islam. Véritable héros de la soirée, l'Argentin Adrian Biniez, 34 ans, a raflé trois prix avec Gigante, le portrait insolite et drôle d'un veilleur de nuit de supermarché qui, sous un physique menaçant, cache une âme sensible. Il a reçu le prix du jury - décerné également à Tous les autres -, celui du meilleur premier film et le prix Alfred Bauer.
Scénariste chevronné, lui, l'Américano-Israélien Oven Moverman, 42 ans, a gagné le prix du scénario avec son premier long métrage, The Messenger, qui met en scène la douleur des familles de soldats américains morts en Irak.
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