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Actualités - OPINION

Hotte d’or Nous deux De Marguerite K.

Très vilains : les pieds de Kate Winslet filmés par son mari Sam Mendes dans Revolutionary Road. Filmés quand elle se fait avorter. Parce qu’elle veut assassiner son couple ; parce qu’elle a compris que son couple ne sert à rien, que son couple se délite, aussi DiCaprio soit l’autre. Très insensés : les yeux de Kate Winslet filmés par son mari Sam Mendes dans Revolutionary Road. Filmés quand elle comprend que son couple ne ressuscitera jamais. Qu’elle n’y arrivera pas. Que l’homme-enfant ne grandira pas. Qu’il continuera à se prendre pour the King of the world sur la proue d’un Titanic de banlieue. Et qu’elle, elle continuera aussi, actrice-mouette ratée, à peler des pommes de terre en rêvant d’étoiles. Kate et Leo. Un couple de cinéma. Un couple qui quitte la rive, qui se regarde dériver. Qu’est-ce que c’est, un couple ? Deux peaux qui se cherchent ? Deux odeurs qui se retrouvent ? Deux sourires qui se superposent ? Bien avant que le monde ne soit monde, un être vivant faisait tout pour ne pas vivre seul. C’est dingue ce que l’on peut faire – à quelles extrémités l’on se réduit pour ne pas vivre seules. Les mensonges. Les concessions. Les sacrifices. Les poings serrés. Les rictus. Les communiqués très officiels, Hillary Clinton ou Anne Sinclair tétanisées, petites divas ; un seul objectif : que le couple résiste à la fonte des neiges, aux rumeurs, à FaceBook. Un couple qui ne se définit que par rapport à son alentour, aux yeux et aux oreilles qui le scrutent, à l’environnement qui est le sien : à son quartier. Son Wisteria Lane. Une future Kate paumée dans un impitoyable Lipstick Jungle, désespérément en quête de l’autre, d’un couple, et qui sait pertinemment que ses pieds sont vilains – très vilains ? Qui se force, un make-up désolé et désolant, à suivre un homme, qui réussit pourtant une fois sur vingt à la faire jouir, dans quelque bowling paumé puant le hot-dog et la moutarde ? Qui se la joue fashionista perchée sur douze centimètres de Louboutin achetés en solde avec deux mois de salaire flambés pour rien ? Pour ne pas vivre seule. À moins que, tsarine d’un soir, elle ne comprenne que l’on n’est finalement jamais aussi bien servie que par soi-même : vite, jeter des sels, plein de sels, dans sa baignoire, allumer des bougies, plein de bougies, dans sa salle de bains, rapprocher ce petit objet d’art acheté il n’y a pas longtemps chez Sonia Rykiel, une envie, un besoin, une folie du couple, ouvrir un Chardonnay, mieux, une Veuve Cliquot super-rosée, ramener un Catherine Millet, s’enfoncer dans son bain, des bulles, de la mousse, cette solitude peut-être meilleure que n’importe quel couple, se noyer dans les bulles, le toy, le Chardonnay, Cindy Lauper dans le i-pod, Kate Winslet dans les rétines, quelques amandes grillées, du lupin au cumin, confortablement, superbement invisible, miam miam.
Très vilains : les pieds de Kate Winslet filmés par son mari Sam Mendes dans Revolutionary Road. Filmés quand elle se fait avorter. Parce qu’elle veut assassiner son couple ; parce qu’elle a compris que son couple ne sert à rien, que son couple se délite, aussi DiCaprio soit l’autre. Très insensés : les yeux de Kate Winslet filmés par son mari Sam Mendes dans...