Parution Mona Moukarzel badine avec le mot

Colette KHALAF Courbes entrelacées, répétées, complexes, entrecroisées et enchevêtrées, les « Entrelacs » sont aussi le recueil de nouvelles signé Mona Moukarzel, paru chez Dergham. Elle se fait appeler Triple M et dit « aimer fouiller dans le bonheur des autres ». Après avoir illustré son amour du mot et s’être illustrée par son style assez particulier mêlé d’humour et de fantaisie dans un précédent recueil, Miroirs/rioriM, Mona Michel Moukarzel réitère l’aventure littéraire dans Entrelacs. La couverture, à la couleur mauve avec au centre des arabesques rose lumineux, évoquant un peu les contes anciens, introduit le lecteur dans un univers de nœuds enlacés où se retrouvent, pour fusionner, présent et passé, fiction et réel. Dans ce recueil de nouvelles, l’auteur s’amuse avec les mots. Telle une gamine, elle joue à cache-cache avec l’ellipse, cruci(fie) le verbe, tord le cou au mot et file la métaphore. La litote, la rhétorique n’ont pas de secrets pour elle. Triple M est une véritable boîte à Pandore. Elle a plus d’un tour dans son sac. Diplômée en lettres françaises, c’est par hasard que cette amoureuse du mot fait sa rencontre avec la page blanche. En 2002, le Forum des femmes de la Méditerranée de Marseille organisait un concours de nouvelles. Ayant représenté le Liban dans cette ville, Moukarzel obtient le Prix d’excellence. C’est le début d’une fugue qui se terminera vite en idylle. S’imprégnant des impressions pour en créer des couleurs et gambadant librement avec les phrases tout en les détournant de leur circuit, l’auteur n’aime pas ce qui est bien réglé et conforme à ce qui est régi et donc rigide. Ses entrelacs sont souples. Ils se nouent, se dénouent, pénètrent les nœuds et ne verrouillent pas les portes. Les fenêtres sont toujours entrouvertes dans cette prose-poésie libre. Elles filtrent la lumière d’un ciel méditerranéen et parlent de l’enfance, des rêves et de la nostalgie du passé. «Mes nouvelles, toujours condensées, naissent d’un certain vécu et d’impressions recueillies qui m’ont fait un jour vibrer», dit Mona Moukarzel. Et de poursuivre: «J’écris toujours d’un seul jet et j’aime faire participer le lecteur à mes élucubrations littéraires.» Une gymnastique de l’esprit dans cet ouvrage où se mêlent détente, plaisir et autres cogitations en arabesques folles et entrelacées.