Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Adieu au grand Mansour, adieu au grand ami

Oui, il était parti tranquillement, la pensée détachée du fardeau corporel. Lui, le grand poète, le prince des nuées, était gêné sur terre par son corps délabré. Moi j’ai connu l’homme, celui qui avait une joie de vivre indéfectible, qui affichait toujours un sourire malicieux. J’ai connu aussi celui qui aimait le beau, le grand, les festins rythmés par une chanson, un grand verre et une bonne chère. Lors de ses derniers jours, j’essayais de lui remonter le moral défaillant face à la maladie, mais Mansour ployait sous la liste interminable des médicaments dont le nom barbare sonnait faux alors qu’il essayait de le placer judicieusement dans un poème. Mansour, l’un des trois piliers de la saga Rahbani, avait contribué à dessiner le cadre d’un Liban à la mesure de leur démesure, le Liban de Gibran, des frères Takla, de Farès Chidiac, Saïd Akl et tant d’autres, le Liban songeur et rêveur, la capitale cosmopolite de la culture. Durant toutes les années, les belles années, comme celles de la tourmente, il s’était inlassablement attelé à construire brique par brique son édifice, et cela jusqu’à son dernier souffle. Par sa plume, il a donné aux souffrances du peuple opprimé une langue de feu. Dans son « Été 840 », on voyait des figures héroïques, au souffle épique, qui se battaient contre les corrompus, le clientélisme et les conspirations qui ont rongé notre beau pays. Son esprit, son imagination et son verbe avaient bercé notre jeunesse par sa simplicité attachante. Ses chansons étaient le moteur de tous ceux qui avaient lutté pendant toutes les années contre l’oppression. En lui était le véritable 14 Mars, celui du peuple souverain, indépendant et libre. Par sa description du Liban profond, de notre village joyeux, de nos coutumes et traditions, il a immortalisé notre culture, si distinguée alors des bruits des canons et de la mort qui grinçaient sous sa fenêtre. Puis, en ce triste jour de janvier, il a déployé ses grandes ailes de lumière pour nager dans l’éther du mont Sannine, laissant derrière lui ses grandes œuvres immortelles et tournant en dérision les nains de l’histoire, absorbés dans leurs querelles intestines et qui avaient oublié de lui faire des funérailles nationales. Prof. ass. Georges BADAOUI
Oui, il était parti tranquillement, la pensée détachée du fardeau corporel. Lui, le grand poète, le prince des nuées, était gêné sur terre par son corps délabré.
Moi j’ai connu l’homme, celui qui avait une joie de vivre indéfectible, qui affichait toujours un sourire malicieux. J’ai connu aussi celui qui aimait le beau, le grand, les festins rythmés par une chanson,...