Diplomatie L’Égypte poursuit avec le Hamas les discussions sur une trêve durable

Le mouvement islamiste palestinien se dit prêt à observer un cessez-le-feu « d’un an maximum » à Gaza, mais veut « continuer à s’armer » entre-temps. L’Égypte a poursuivi sa médiation en vue d’une trêve durable à Gaza en discutant hier avec le Hamas des moyens d’éviter une nouvelle guerre, trois jours après avoir reçu un émissaire israélien. Une semaine après la fin du conflit meurtrier entre Israël et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007, des représentants du mouvement islamiste palestinien se sont entretenus avec le chef des renseignements égyptiens, Omar Souleimane, des moyens de « consolider le cessez-le-feu et de parvenir à un accord de trêve » durable, a indiqué l’agence officielle MENA. Les discussions ont également porté sur la manière de « mettre fin au blocus, d’ouvrir les points de passage et de reprendre le dialogue national palestinien », a précisé l’agence. Rien n’a filtré de l’entretien, mais un porte-parole du Hamas à Damas a répété à l’AFP que le mouvement était prêt à observer une trêve « d’un an maximum », à condition que l’État hébreu mette fin au blocus. La délégation comprend deux membres du bureau politique du Hamas en exil à Damas, et deux représentants du mouvement à Gaza, selon l’agence MENA. Jeudi, le général Souleimane a reçu pendant cinq heures le négociateur israélien Amos Gilad. M. Gilad a déclaré samedi que l’Égypte était « en mesure » de mettre fin à la contrebande d’armes de son territoire vers la bande de Gaza. M. Gilad a souligné, par ailleurs, que la question du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en 2006, avait été abordée dans ses discussions au Caire. « Dans les contacts avec l’Égypte, cette question est toujours centrale », a-t-il déclaré. Mais le représentant du Hamas à Beyrouth, Oussama Hamdane, a affirmé que son mouvement allait « continuer à acquérir des armes ». « Ni les porte-avions ni la surveillance aérienne et maritime ne peuvent nous empêcher de disposer d’armes ou d’introduire des armes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie », a dit M. Hamdane. L’Égypte entend aussi « réconcilier » le Hamas et le Fateh du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Des dirigeants de groupes palestiniens basés à Damas sont arrivés hier au Caire. Le Fateh est attendu cette semaine. Le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, est aussi attendu aujourd’hui au Caire dans le cadre d’une tournée régionale, selon l’agence MENA. Parallèlement, plusieurs pays européens ont appelé hier les Palestiniens du Fateh et ceux du Hamas à la réconciliation pour permettre une réouverture des accès à la bande de Gaza et la relance du processus de paix israélo-palestinien, enlisé depuis des années. « Si nous ne pouvons pas surmonter les divisions de la société palestinienne, il sera très difficile de progresser à la fois concernant Gaza et le processus de paix », a déclaré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt. « Il est temps que les Palestiniens se parlent entre eux », a-t-il ajouté, en arrivant à Bruxelles à une réunion entre les chefs de la diplomatie de l’UE et les ministres des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, de l’Égypte, de la Jordanie et de la Turquie. Plusieurs de ses collègues ont insisté sur ce point. Le ministre britannique, David Miliband, a jugé « absolument essentielle » la « réunification du peuple palestinien » afin qu’il puisse parler « d’une seule voix », soulignant que cette question tiendrait une large place lors de la réunion de Bruxelles, censée évaluer les besoins de reconstruction à Gaza et tenter de relancer les efforts de paix. De son côté, le ministre italien, Franco Frattini, a estimé qu’il fallait « encourager et aider les Égyptiens, qui conduisent les efforts visant à réconcilier toutes les factions palestiniennes ».