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Actualités - CHRONOLOGIE

Scène Chouchou parmi nous…

Edgar DAVIDIAN Khodr Hassan Alaa el-Dine, le fils de Chouchou, réincarne le personnage de son père sous les feux de la rampe au théâtre Versailles (Hamra). La ressemblance est hallucinante ! Rendant un hommage à son père, le fils le ressuscite, en toute fidelité de «copy-paste», sur scène. En empruntant, avec un art consommé de l’imitation, son allure d’invertébré (unique cette façon de croiser les jambes comme un lombric qui s’entortille), son amusante silhouette squelettique en «over all» rouge (futé Sganarelle toujours pris en faute, ou Scapin rusé sachant éviter les bastonnades), sa voix nasillarde et haut perchée, ses réparties disjonctées et impertinentes, son index tendu comme une aiguille d’horloge et surtout ces fières et broussailleuses moustaches noires entre Tartarin de Tarascon et Artaban… Pour la génération qui n’a pas connu Chouchou, il serait bon de dire qu’il s’agit là d’un personnage truculent, entre un Charlot oriental et le Chater Hassan des contes levantins... Un personnage de sage-fou pour divertir les foules, certes, mais aussi pour crier bien haut toutes les vérités sociopolitiques pas toujours bonnes à dire… Et qui n’ont jamais changé sous le ciel du pays du Cèdre, pour ne pas dire qu’elles ont empiré… Un personnage qui a longtemps régné sur la scène libanaise, que le peuple libanais applaudissait à tout rompre aux premières heures des fréquentations de salles de théâtre au cœur de la capitale, et que le petit écran, à l’époque encore tristement en noir et blanc, a pourtant délicieusement et généreusement magnifié. Redécouvrir ou découvrir tout court Chouchou semble l’enjeu de cette charmante et nostalgique entreprise d’un fils qui s’habille à la perfection, jusqu’à une saisissante fusion d’esprit et d’apparence, de la peau de son père… Donnée initialement en 1973 par Chouchou lui-même, Waslett al 99 (Est arrivée la 99), d’après un texte de Farès Youakim, est reprise aujourd’hui sur les planches du théâtre Versailles (Hamra) par Khodr Hassan Alaa el-Dine, le fils de Chouchou, entouré d’une brochette d’acteurs dans une mise en scène signée Omar Mikati. Histoire à la trame bien légère et transparente, pour narrer les grandeurs et misères d’un pauvre maçon ébloui par l’argent… Le pouvoir de l’argent est toujours corrupteur et ne fait jamais le bonheur… Ne le savait-on pas depuis belle lurette et La Fontaine, ce fin moralisateur, ne nous en avait-il pas averti avec son Savetier et le financier ? Comédie boulevardière populaire, cette pièce est truffée de quiproquos, de pointes politiques, de savoureuses dénonciations sur les travers des mentalités bourgeoises et, bien entendu, un chassé-croisé où les personnages, simples et cocasses à la fois, s’en donnent à cœur joie dans leur interprétation sans sophistication aucune. Une atmosphère bon enfant règne sur ce spectacle qui ravira sans doute la jeunesse qui s’amusera des facéties, des traits d’esprit, des boutades et des jongleries de Chouchou diablement réincarné par son fils. Une petite histoire de famille moins que modeste, frétillante de plaisir par le luxe et la luxure et qui risque, dans son vaniteux engouement, désunion, désillusion et perdition. Mais la morale est sauve car Chouchou revient à son brave état d’ouvrier pour comprendre que seuls comptent la famille, l’amour et le travail honnête… Entre l’agitation et les gesticulations d’une commedia dell’ arte et un spectacle amplement voué au rire et à l’amusement à travers réparties vives et malentendus drôles ou hilarants, cette reprise d’une comédie, tout en sirupeux tons rose bonbon de Chouchou, reste un moment de scène populaire charmant. Mais qu’on se le dise, autant l’imitation du personnage de Chouchou est réussie, il reste l’absence de cette âme, cette essence, cette nervosité, cette crânerie «chouchoutienne», un héritage unique et inaliénable. Difficile à dire, à cerner, mais parfaitement perceptible… Inimitable et impayable Chouchou, va!
Edgar DAVIDIAN

Khodr Hassan Alaa el-Dine, le fils de Chouchou, réincarne le personnage de son père sous les feux de la rampe au théâtre Versailles (Hamra). La ressemblance est hallucinante !
Rendant un hommage à son père, le fils le ressuscite, en toute fidelité de «copy-paste», sur scène. En empruntant, avec un art consommé de l’imitation, son allure d’invertébré...