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Actualités - CHRONOLOGIE

Théâtre Le « Retour de Charles de Gaulle » de Hagop Der-Ghougassian Zéna ZALZAL

Dans la petite salle du Monnot, Hagop Der-Ghougassian signe le « Retour de Charles de Gaulle »*, une adaptation libre de « Matar Charles de Gaulle », de Joe Kodeih. «Elle, c’est Carla, elle a 32 ans et a tout quitté pour être libre. Moi, c’est Carla, Carla Dib, j’ai 22 ans et je vis à Jounieh avec mes parents.» Dès les premiers mots, le ton est donné. Une comédienne en solo, mais deux caractères féminins – sinon plus – qui se confondent. Une actrice et son personnage qui se mélangent, s’enchevêtrent et finissent par fusionner dans un même propos – assez nébuleux par moments – axé sur les notions du temps et de l’attente dans la vie d’une femme. Une comédienne seule, au centre de la salle ACT du théâtre Monnot, au milieu d’un public restreint de 27 personnes qui la cernent, assises sur deux rangés de chaises formant un L. En longue robe rouge, ses escarpins noirs à la main, elle avance vers les spectateurs, leur parle, les harangue, s’éloigne, se chausse, se place dans une sorte de cabine creusée dans un renfoncement du décor, martèle le mur d’une main au poing rageur, de l’autre main relève ses cheveux en catogan et, prenant la pose, cambrée et tragique d’une danseuse de flamenco, interpelle avec passion un homme. Toujours absent… au bout du fil. Puis, elle se retourne, se déchausse, se rapproche des spectateurs jusqu’à les frôler et, plantant son regard dans celui d’une femme assise parmi le public, elle lui parle, l’interroge dans une sorte de rêverie enfiévrée, coléreuse, avant de repartir au fond de la salle. Où, appuyée sur une table de bar haute, nimbée d’un magnifique éclairage signé Sarmad Louis et Maïa el-Khoury, elle joue la belle indifférente. Puis revient s’asseoir, se calfeutrer, dans un coin, pour lire un texte dans lequel elle exprime ses doutes, ses interrogations, son désespoir, sa recherche d’identité, ses sentiments… Confessions brouillées – de Carla le personnage, ou de Carla la comédienne? – sur l’amour, le temps, la société, la liberté… Il y a comme un frémissement de vraie douleur dans le ton, pourtant déclamatoire de la jeune femme. Laquelle a placé ses propres mots dans ce texte tiré en fait de la dernière partie de la pièce Matar Charles de Gaulle, écrite par Joe Kodeih. Sans oublier Marc Mourani, qui a également participé à cette création collective. Dirigée par Hagop Der-Ghougassian, Carla Dib tente d’atteindre, au cours des trente minutes de représentation, les rives communes du théâtre et de la vérité, les confluents du jeu et de la sincérité. L’exercice est très difficile, pour ne pas dire périlleux. Et si dans son «interprétation-incarnation» Carla Dib est convaincante, il reste que le spectateur retient davantage, en sortant de cette courte pièce, la beauté visuelle de la mise en espace que l’empreinte émotionnelle des mots. * « Retour de Charles de Gaulle », salle ACT du théâtre Monnot (19h30). Informations et réservations au 01/202422, à partir de 15h00.
Dans la petite salle du Monnot, Hagop Der-Ghougassian signe le « Retour de Charles
de Gaulle »*, une adaptation libre de « Matar Charles de Gaulle », de Joe Kodeih.
«Elle, c’est Carla, elle a 32 ans et a tout quitté pour être libre. Moi, c’est Carla, Carla Dib, j’ai 22 ans et je vis à Jounieh avec mes parents.» Dès les premiers mots, le ton est donné. Une...