Vient de paraître L’exportation de la violence par l’Iran est-elle contraire à l’islam ?

À l’heure où le Moyen-Orient vit des heures cruciales, les Presses de l’Université Saint-Joseph (PUSJ) publient un ouvrage d’une brûlante actualité de Mohammad Khatami, cinquième président de la République islamique d’Iran (1997-2005) : L’affaire du XXIe siècle : le dialogue des civilisations*. « À l’approche des élections législatives en mars 2008, rappelle en préambule un texte de présentation, l’ancien président avait opéré un retour remarqué sur la scène politique iranienne. Il avait d’abord mobilisé des partisans en vue de la campagne électorale et critiqué le Conseil des gardiens de la révolution pour avoir invalidé arbitrairement les candidatures de nombreux réformateurs. Depuis cette date, il continue à dénoncer ouvertement la politique intransigeante, les propos incendiaires et les aberrations économiques de son successeur ; enfin, il conteste en public, en particulier devant les étudiants, le principe de l’exportation de la violence par la République islamique, jugée contraire à l’islam et à la révolution, au point de soulever contre lui une virulente campagne des conservateurs, dont certains voudraient le traduire en justice. » C’est dans ce contexte que les Presses de l’Université Saint-Joseph publient l’ouvrage. L’ouvrage, qui témoigne de la politique de détente et de défense de la diversité culturelle, comprend les versions arabe et française de treize allocutions prononcées dans différents contextes par l’ancien président iranien, devant l’ONU, le Mouvement des non-alignés, des étudiants, des cercles d’émigrés ou de diplomates, des colloques interreligieux, etc. En introduction, le livre reproduit un mot d’accueil adressé à Khatami par le recteur de l’USJ, le Pr Sélim Abou s.j., lors de la visite qu’il effectua à l’USJ, en mai 2003, à l’occasion d’une tournée au Liban. La civilisation musulmane a vécu Le texte fondamental qui a donné son titre à l’ouvrage est court, mais résume l’essentiel de la pensée du président Khatami : la civilisation islamique a vécu, mais pas la révélation coranique qui continue de répondre « aux interrogations et aux besoins des hommes ». Le dialogue des civilisations, selon Khatami, part donc d’une définition anthropologique de la culture, bien loin des simplifications idéologiques du fondamentalisme. Ce dialogue doit s’instaurer entre les civilisations et les nations, ce qui suppose un effort vers la définition de nouvelles bases aux relations internationales. « L’expérience que nous avons menée en Iran se résume en deux dimensions : l’une, intérieure, qui est celle de la démocratie islamique et de la souveraineté du peuple, et l’autre, extérieure, qui est celle de la démocratie internationale au niveau mondial », dit-il. Le XXe siècle a été le siècle de la confrontation, mais le XXIe siècle devra être celui du dialogue. « Ce nouveau projet émergera du monde musulman », affirme fièrement Khatami, qui fut, rappelle-t-on, à deux reprises ministre de la Culture, et qui obtient, à la surprise générale, 70 % des suffrages de son peuple, lors de son élection. La stature du personnage et son rôle politique, qui semble loin d’être terminé, donnent à l’ouvrage un surcroît d’actualité et d’importance. Les vues de Khatami ne sont certes pas indiscutables. On se demande par moments s’il ne croit pas en un évolutionnisme spirituel et politique. Mais l’ouvrage a l’avantage de mieux faire connaître l’Iran et de donner accès à un débat d’idées actuel, notamment au rapport entre éthique et politique, dans une nation qui se trouve au cœur de l’actualité locale et internationale. Fady NOUN (*) Presses de l’Université Saint-Joseph, traduit de l’arabe par Gina Fadel Saad. Disponible en ligne : www.usj.edu.lb/pusj et à l’USJ : (01) 421000.