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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise Moscou déclare « nul » l’accord sur le gaz

L’image de la Russie comme partenaire de l’UE écornée. La crise du gaz qui oppose la Russie, d’une part, à l’Ukraine et l’UE, d’autre part, s’est envenimée hier, en dépit d’un accord signé ce week-end pour la résoudre. Le président russe, Dmitri Medvedev, a estimé hier soir que l’accord sur le transit du gaz russe via l’Ukraine était « nul et sans valeur », accusant Kiev d’avoir ajouté une mention manuscrite sur le texte déjà signé par Moscou. En conséquence, M. Medvedev a ordonné au gouvernement russe de ne pas appliquer le protocole d’accord arraché de haute lutte par la présidence tchèque de l’UE, éloignant ainsi la perspective d’une reprise rapide des livraisons de gaz russe aux pays européens. « Je pense que ceux qui ont signé ce document avec une réserve comprennent bien les conséquences juridiques de ces agissements », a ajouté M. Medvedev. Il a assuré qu’une phrase écrite à la main par la partie ukrainienne rendait le document nul et non avenu, lors d’un entretien avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. La télévision russe a montré un document présenté comme le texte de l’accord signé par la Russie, l’Ukraine et l’UE, sur lequel figure la mention écrite à la main : « déclaration à suivre ». « Ainsi, nous sommes obligés de considérer le document signé comme nul et sans valeur pour nous. Nous ne l’appliquerons pas tant que cette réserve ne sera pas retirée » par la partie ukrainienne, a ajouté M. Medvedev. Pour sa part, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a déclaré au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, que les agissements de l’Ukraine étaient « inadmissibles ». Il a ajouté que l’arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine à l’Europe a causé une perte d’environ 800 millions de dollars au géant gazier russe Gazprom. M. Poutine a également proposé à M. Barroso que des diplomates européens et russes se rencontrent, aujourd’hui à Bruxelles, pour tenter de trouver une solution au conflit. Il a appelé l’Europe à faire pression sur l’Ukraine et a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de diversifier les voies d’approvisionnement vers l’Europe. M. Poutine a par ailleurs souligné que la Russie n’excluait pas de participer au processus de privatisation du système ukrainien de gazoducs, avec l’accord de Kiev. Aucune réaction aux déclarations des dirigeants russes n’a pu être obtenue dans l’immédiat à Kiev. Le document avait été signé samedi par la Russie, lors d’une visite du Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, à son homologue russe, Vladimir Poutine, dans la région de Moscou. M. Topolanek s’était ensuite rendu à Kiev avec le texte signé par la Russie, pour le soumettre aux dirigeants ukrainiens qui l’ont signé dans la nuit de samedi à dimanche. La signature de l’accord sur la surveillance du transit de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine est indispensable à la reprise des livraisons dont les pays de l’UE sont privés depuis cinq jours en raison d’un conflit entre Kiev et Moscou sur le prix du gaz russe à payer en 2009 et les arriérés de paiement. Plusieurs pays d’Europe centrale et balkanique, dépourvus de réserves, ont dû faire face cette semaine à de graves difficultés, laissant notamment des centaines de milliers de personnes sans chauffage en pleine vague de froid. De son côté, la Commission européenne, sans divulguer le contenu de la déclaration ukrainienne, a estimé hier soir qu’elle ne changeait rien au fond de l’accord signé avec Kiev et Moscou, contrairement à ce qu’affirment les dirigeants russes. « Nous considérons que cette déclaration ne change rien à l’accord » sur la reprise du transit du gaz via l’Ukraine et « que ces livraisons doivent donc reprendre comme convenu dès que possible », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Commission, Ferran Tarrabellas, au sujet du soudain blocage de Moscou. Selon M. Tarrabellas, la phrase écrite à la main par la partie ukrainienne sur le texte de l’accord mentionnait que l’Ukraine allait publier une déclaration. C’est cette déclaration qui pose problème à la Russie, sans que l’on sache en quoi. Également selon la présidence tchèque de l’UE, « les conditions pour une reprise immédiate des livraisons de gaz russe à l’UE sont en place ». La Russie a beau accabler Kiev dans la crise gazière, son image de partenaire stable de l’Europe a toutefois été écornée. « La Russie est le plus grand perdant, d’abord du point de vue de son image politique et de sa position sur la scène mondiale », relève Evgueni Volk, qui dirige le centre d’analyse Heritage Foundation à Moscou. « Quelles que soient les raisons économiques spécifiques à la crise, il est clair que la Russie n’a pas fait de son mieux pour prévenir la crise avec l’Ukraine », poursuit-il. Mais Moscou n’a pas pour autant tout perdu, selon Nikolaï Petrov de l’institut Carnegie, car en jouant sur l’aggravation de la crise, le Kremlin force aussi Bruxelles à réfléchir sérieusement au rôle de l’Ukraine dans un conflit qui ressurgit chaque année. Moscou espère ainsi que l’UE a été plus échaudée par le comportement des Ukrainiens que celui des Russes, et que sa priorité sera dès lors de se défaire de sa dépendance vis-à-vis du transit ukrainien, plutôt que d’aller chercher de l’énergie ailleurs qu’en Russie. Mais l’UE pourrait bien être tentée par un scénario court-circuitant aussi bien Moscou que Kiev, et dès lors se concentrer sur des sources énergétiques alternatives. Bratislava relance un réacteur nucléaire pour éviter le « black-out » Le gouvernement slovaque a enclenché la relance d’un réacteur nucléaire récemment arrêté pour des raisons de sécurité sur demande de Bruxelles, en violant ainsi ses engagements européens pour éviter un possible « black-out » énergétique dans le pays. « Nous affrontons un black-out, aussi nous devons agir vite », a déclaré le Premier ministre Robert Fico samedi soir, soulignant que son gouvernement « prenait ses responsabilités » et reviendrait en arrière « une fois que la situation serait stabilisée ». Le réacteur nucléaire soviétique de type VVER-440/230 de la centrale de Jaslovske Bohunice a été arrêté le 31 décembre dernier, conformément aux engagements pris par l’ex-pays communiste avant son intégration à l’Union européenne en 2004. À Bruxelles, la commission européenne a estimé hier qu’il n’y avait « aucune base légale » pour cette réouverture, tout en reconnaissant que la Slovaquie avait un « réel problème » de pénurie de gaz. De son côté, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, qui assume pour six mois la présidence tournante de l’UE, s’est refusé à toute critique, en soulignant le retard dans la mise en place d’une politique européenne de sécurité énergétique.
L’image de la Russie comme partenaire de l’UE écornée.
La crise du gaz qui oppose la Russie, d’une part, à l’Ukraine et l’UE, d’autre part, s’est envenimée hier, en dépit d’un accord signé ce week-end pour la résoudre.
Le président russe, Dmitri Medvedev, a estimé hier soir que l’accord sur le transit du gaz russe via l’Ukraine était « nul et sans...