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Actualités - interview

Interview « La France est l’un des premiers investisseurs dans le monde arabe », souligne Hervé de Charrette Propos recueillis par Sahar AL-ATTAR

De passage à Beyrouth où il participe aux réunions de l’Union des Chambres arabes, l’ancien ministre et président de la Chambre de commerce franco-arabe, Hervé de Charrette, dresse un état des lieux des relations entre la France et les pays arabes. L’Orient-Le Jour : Où en est la coopération économique franco- arabe ? Hervé de Charrette : « En 2007, le volume des échanges entre la France et le monde arabe s’est élevé à 42 milliards d’euros, dont 22 milliards d’exportations françaises et 19,8 millions d’importations. Nous n’avons pas encore les chiffres de 2008, mais les échanges devraient avoir augmenté de 2 à 3 %, contre une croissance de 1 % en 2007. Le principal partenaire commercial de la France reste le Maghreb, avec un volume d’échanges de 7,5 milliards d’euros avec l’Algérie, de 7 milliards avec la Tunisie et de 6,2 milliards avec le Maroc. Les pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, figurent également parmi nos principaux partenaires, essentiellement à cause du pétrole. Quant aux échanges avec le Liban, ils ont atteint 755 millions d’euros en 2007, en hausse de 17 % par rapport à 2006. » « Mais les relations économiques ne se limitent pas au commerce, d’autant qu’il existe une réelle volonté de la part des pays arabes de passer d’un modèle basé sur les importations à un modèle de production sur place, grâce aux investissements directs étrangers. À cet égard, la France est l’un des premiers investisseurs dans le monde arabe, notamment au Liban. » OLJ : Au Liban, en particulier, quels secteurs pourraient séduire les entreprises françaises ? HdC : « Les entreprises françaises vont avec bonheur au Liban, qui bénéficie d’une vitalité et d’un dynamisme économique étonnants. Le pays offre également une qualification professionnelle remarquable. À mon avis, les secteurs à fort potentiel sont ceux du bâtiment, des nouvelles technologies et de la santé (pharmaceutiques, matériel médical…). Les besoins dans le secteur de la santé sont d’ailleurs importants dans tout le monde arabe. » OLJ : Quel rôle peut jouer la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA) pour développer les liens avec les pays arabes ? HdC : « La CCFA a pour objectif de soutenir et d’encourager les relations commerciales, économiques et humaines entre la France et les pays arabes. J’ai pris la présidence de la CCFA il y a quelques mois, et je compte donner une impulsion rigoureuse pour remplir ce rôle. Je vais consacrer beaucoup d’efforts au développement de relations fortes et intimes avec le monde arabe, et naturellement le Liban. J’estime que les PME françaises, en particulier, ont besoin d’être accompagnées et soutenues dans l’exploration de nouveaux marchés dans la région. Parmi les initiatives prévues, j’envisage par exemple d’organiser une réunion entre les Chambres de commerce libanaises et françaises. » « En même temps, la CCFA vise à encourager les investissements arabes en France, notamment en accueillant les fonds issus de la finance islamique. Londres joue pleinement ce rôle, mais la France souhaite désormais entrer dans la compétition. Nous avons ainsi organisé il y a quelque mois à Paris une rencontre à ce sujet, au cours de laquelle la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, a souligné la volonté du gouvernement français de mettre en place le cadre réglementaire et législatif adéquat. » OLJ : Quels risques fait peser la crise économique mondiale sur les relations franco-arabes ? HdC : « Il n’y a pas encore d’unanimité sur l’ampleur de la crise. Certains prévoient une crise majeure, tandis que d’autres estiment que l’action concertée des États et des banques centrales a permis d’éviter le pire, en prévoyant une crise classique. Entre ces deux thèses, il faut reconnaître que les inquiets dominent, mais seule 2009 nous apportera la réponse. Pour le moment, les investisseurs sont donc dans une phase d’attentisme. Mais si la crise est effectivement majeure, elle comportera des risques importants. En premier lieu, celui des tensions protectionnistes. La tentation du repli sur soi est extrêmement dangereuse. Mais une crise grave peut également générer des tensions sociales qui aboutiront à des tensions politiques. Dans ce contexte, la responsabilité des dirigeants mondiaux devra s’exercer pour maîtriser les effets de la crise. » OLJ : Comment développer les investissements dans une région en proie à des conflits, le dernier en date étant l’offensive israélienne contre Gaza ? HdC : « L’offensive contre Gaza est un événement tragique. Il a des conséquences économiques sur tout le Moyen-Orient, car il paralyse l’investissement. Dans ce conflit, la responsabilité est certainement partagée, mais la façon dont les Israéliens se sont emparés du problème aggrave la crise. Il y a certes d’autres problèmes dans la région, en Irak, en Iran, au Liban… mais, à mon avis, la question israélo-palestinienne est essentielle. Elle est le nœud autour duquel tout s’organise, ou se désorganise. C’est pour cela que je reproche à l’administration Bush de s’être désintéressée de cette question centrale. »
De passage à Beyrouth où il participe aux réunions de l’Union des Chambres arabes, l’ancien ministre et président de la Chambre de commerce franco-arabe, Hervé de Charrette, dresse un état des lieux des relations entre la France et les pays arabes.
L’Orient-Le Jour : Où en est la coopération économique franco- arabe ?
Hervé de Charrette : « En 2007, le volume des échanges...