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Actualités - OPINION

Les équilibres d’inquiétudes

L’année 2009 s’annonçait déjà difficile dans cette région du Proche et du Moyen-Orient. En effet, du Liban jusqu’à l’Inde – en passant par la Palestine, Israël, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan –, sept élections importantes vont avoir lieu dont devraient ou pourraient dépendre bien des options stratégiques et des évolutions politiques des divers partenaires internationaux – à commencer par la nouvelle administration du président Obama. Cette situation difficile s’est trouvée aujourd’hui particulièrement compliquée avec l’attaque d’Israël contre Gaza. Au-delà de toutes les raisons qui peuvent être invoquées, celles relatives à la revendication de tout succès militaire par des formations politiques déterminées aux prochaines élections israéliennes et palestiniennes demeurent à notre avis prépondérante, et aucun analyste sérieux et intègre ne saurait occulter ou négliger pareil scénario. Reste que le problème de Gaza porté à son extrême situation de guerre ouverte constitue pour les gouvernements et les peuples – surtout arabes – un défi pour l’avenir. Il n’est pas du tout certain que la guerre de Gaza pourra infléchir le processus de l’Égypte et de la Jordanie envers Israël, mais ce qui est absolument certain par contre, c’est bien de savoir si, au cas où une paix deviendrait possible dans cette région ensanglantée et corrompue, cette paix serait celle des peuples – et donc une paix stable et solide – ou une paix de rois, d’émirs et de présidents tout juste ou à peine sûrs de leur propre situation politique, n’était-ce l’existence d’une police, de sécurités et autres institutions. C’est finalement à ce niveau que se situe l’enjeu réel des stratégies futures. Et c’est en quoi les sept élections de 2009 pourraient amener tout alentour de cette Asie des crises, des réponses ou, à tout le moins, de nouveaux aménagements de politique, et pour cela nous pensons que les paramètres suivants devraient être pris en considération. D’abord qu’il n’existe pas de solutions définitives à des situations politiques et historiques en Orient, indépendamment de la prise en compte de la satisfaction des opinions, positions, intérêts et privilèges de l’extrême majorité de la population. Ces sociétés de clans, de familles, de tribus, de villages… ont tout pour susciter des problèmes sans initier facilement des solutions. Rien n’est dit pour toujours et ce que l’on croit acquis par les armes et la politique reste fragile tant qu’il ne répond pas aux attentes profondes des hommes et de la société. C’est ensuite que les tendances au recours à la violence se sont aggravées dans notre société moderne. Il y a quelques jours, les émeutiers d’Athènes – de cette Grèce donc qui est pour nous le berceau d’un miracle de la civilisation – ont tout simplement mis le feu à la bibliothèque nationale et au Musée archéologique d’Athènes. Si donc les dépositaires d’une civilisation de qualité en sont à ce stade, crier à l’horreur pour le reste des violences dans le monde – si bien banalisées par les moyens audiovisuels – relèvent de l’ordinaire sans suite puisque l’ONU, les États et autres organisations pensent encore au XXIe siècle que « l’épée est l’axe du monde ». C’est encore qu’il est temps d’imaginer – puisque la grande politique est avant tout faite par des politiciens dotés d’une imagination créatrice issue d’une formation culturelle et historique solide conduisant à des scénarii réalisables – une nouvelle approche pour aborder problèmes et solutions. Lancer de grandes phrases et des slogans tonitruants ne résout rien. C’est au succès respectueux des valeurs que se mesure une politique. C’est enfin la nécessité de développer une approche centripète et inclusive incluant tous les acteurs régionaux et locaux – particulièrement au Liban – en rejetant l’exclusion qu’un espoir de stabilisation est envisageable. Les comportements politiques infantiles en histoire ont souvent conduit à des bains de sang et rarement à des solutions historiques. Sans vouloir prêcher la morale et en reconnaissant que rien ne compte en politique hors les réalités, force est de constater l’interconnexion redoutable des défis et des échéances auxquels doit faire face le Liban meurtri et en pleine convalescence politique. Certes, il est difficile de concevoir un scénario zéro problème pour le Liban, ce qui ne revient pas à dire d’en reconnaître un autre à zéro solution. Or ces sept élections de 2009 mettent en jeu des intérêts politiques et stratégiques tellement considérables qu’il faut bien se hâter d’imaginer une nouvelle rhétorique d’intelligence car le succès politique réside bien dans ce Proche-Orient – et particulièrement au Liban – en un équilibre d’inquiétudes. Hyam MALLAT Avocat et professeur Ancien président du conseil d’administration de la Caisse nationale de Sécurité sociale et des Archives nationales
L’année 2009 s’annonçait déjà difficile dans cette région du Proche et du Moyen-Orient. En effet, du Liban jusqu’à l’Inde – en passant par la Palestine, Israël, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan –, sept élections importantes vont avoir lieu dont devraient ou pourraient dépendre bien des options stratégiques et des évolutions politiques des divers partenaires...