Bande de Gaza Les chars israéliens prennent le contrôle de plusieurs axes stratégiques

L’offensive israélienne a fait plus de 500 morts palestiniens en neuf jours. Les troupes israéliennes, appuyées par des bombardements de l’artillerie et de l’aviation, ont avancé hier en profondeur dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, où elles avaient pénétré samedi soir après une semaine de bombardements aériens. Des combats ont été signalés à la hauteur de Jabalia, dans le nord du territoire, et dans le quartier de Zeïtoun à l’est de Gaza-ville. Malgré l’offensive terrestre, des activistes palestiniens ont tiré depuis la bande de Gaza 32 roquettes et obus de mortier depuis samedi soir sur Israël, blessant légèrement une femme, a indiqué l’armée. « Il n’y a pas de combats rapprochés (…) L’essentiel de l’opposition est sous forme de tirs d’obus de mortier », a affirmé un haut responsable militaire israélien. « Il est possible que nous devions garder un certain temps le contrôle de certains secteurs d’où sont tirées des roquettes, mais l’objectif n’est pas de réoccuper la bande de Gaza », a-t-il encore dit. Un haut responsable du Hamas, Mouchir al-Masri, a affirmé que « l’ennemi » n’avait « pas réussi à atteindre ses objectifs et que la résistance, avec le peu de moyens dont elle dispose, l’a surpris. Le moment venu, l’ennemi annoncera son échec et la résistance proclamera la victoire ». Le Hamas a aussi menacé d’enlever des soldats israéliens. « Nos forces ont atteint les objectifs qui avaient été fixés pour empêcher les tirs de roquettes. L’opération progresse plus vite que prévu », a toutefois déclaré le porte-parole de l’armée, le général Avi Benyahou. La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé que ses combattants faisaient « face aux forces israéliennes, leur infligeant de lourdes pertes ». Les bombardements se poursuivaient au même rythme dans la soirée, voire augmentaient dans certains secteurs du centre du territoire. L’offensive israélienne, lancée le 27 décembre, a entraîné une profonde dégradation d’une situation humanitaire déjà précaire dans Gaza. L’électricité était coupée hier dans la plupart des localités et les pénuries de carburant s’aggravaient. Au plan des victimes, « le nombre de martyrs a atteint 512, dont 87 enfants, et celui des blessés plus de 2 450 », a dit le chef des services d’urgences à Gaza, Mouawiya Hassanein. Hier, 63 Palestiniens, dont au moins 22 civils, ont péri dans les attaques israéliennes. Parmi eux, cinq membres d’une même famille, dont une fille de 14 ans, ont été tués par un obus tiré sur leur voiture par un des chars qui ont pris position sur le site de l’ex-colonie juive de Netzarim, au sud de Gaza-ville, selon des sources médicales. Trois ambulanciers qui tentaient de porter secours à des victimes ont été tués à l’est de Gaza, selon le Dr Hassanein. Côté israélien, un premier bilan officiel fait état d’un soldat tué et de 30 autres blessés. En outre, en Cisjordanie, un Palestinien a été tué par l’armée israélienne en manifestant contre l’opération à Gaza. Un porte-parole de l’armée israélienne a indiqué que les soldats se sont longuement entraînés, « depuis un an et demi », sur un modèle réduit de la ville de Gaza, construit dans une base militaire du désert du Néguev, avant de lancer leur offensive terrestre. D’autre part, l’armée a confisqué les téléphones portables de plusieurs milliers de soldats quelques heures avant le début de l’offensive afin de garder le secret sur les opérations. La censure militaire a également interdit à la presse d’annoncer le début de l’offensive pendant deux heures après son déclenchement. Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a affirmé que l’offensive serait élargie « autant que nécessaire » et pourrait durer « plusieurs jours ». De son côté, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a affirmé que son pays ne se battait « pas contre le peuple palestinien » et préviendrait une crise humanitaire à Gaza en aidant à l’acheminement de l’aide. Toutefois, aucun convoi d’aide ne devait passer hier en raison des violences. M. Olmert s’est en outre dit encouragé dans sa politique dans la bande de Gaza par ses conversations avec le président américain, George W. Bush. « J’ai été encouragé par la position de Bush qui m’a dit que nous devions non seulement nous assurer que le Hamas cesse ses tirs de roquettes, mais aussi qu’il ne sera pas en mesure de recommencer dans le futur », a-t-il déclaré. Toutefois, le vice-président des États-Unis, Dick Cheney, a affirmé qu’Israël n’avait pas demandé le feu vert de l’administration américaine avant de lancer son offensive terrestre. Pour sa part, le président israélien, Shimon Peres, a exclu hier un cessez-le-feu à Gaza, mais a souligné que son pays n’avait pas l’intention d’occuper de façon durable le territoire palestinien. En outre, le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a assuré que l’opération lancée dans la bande de Gaza bénéficiait d’une « grande compréhension » internationale et allait être menée jusqu’à son terme. Enfin, le Hamas est prêt à un dialogue interpalestinien « sans conditions » pour affronter « l’agression », a déclaré hier l’un de ses dirigeants, Mohammad Nazzal. « Le Hamas appelle à une rencontre nationale pour faire face à l’agression » de l’armée israélienne, a déclaré M. Nazzal à la chaîne de télévision al-Arabiya depuis Damas. « Nous sommes prêts à une telle rencontre, à tenir dans n’importe quel lieu à convenir et sans conditions », a-t-il ajouté, soulignant toutefois que le dialogue devrait avoir « un seul thème : comment faire face à l’agression » israélienne. « Il n’y a pas lieu de discuter d’autres questions (...). Ce n’est pas le moment de parler des questions sujettes à divergence », a-t-il encore dit. Le ministre israélien des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a réagi en affirmant que le Hamas cherchait une issue « honorable » lui permettant de sauver la face.