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Actualités - OPINION

Pourvu que les apparences soient sauves…

Au-delà des paysages naturels à couper le souffle, des célébrations, des festivités, des boîtes de nuit, des restaurants, des sorties, de l’hospitalité et de la convivialité des habitants, les rouages de la société libanaise sont bien délicats à connaître. En effet, à l’image du pays confronté à des problèmes de toutes sortes, et aux situations les plus complexes et les plus inattendues, la sociologie reflète la complexité de la population et la difficulté de la vie. Par nature, cette société, régie par les apparences, prend un malin plaisir à ce jeu et en fait son essence. Toute occasion sociale, civile ou religieuse nécessite des dispositions énormes et demande un budget élevé qui dépasse souvent les ressources des individus. L’exagération, spécialité des Libanais, trouve sa place dans toutes les circonstances. Il en va du mariage comme du baptême, de la première communion comme d’un simple anniversaire. Le mariage, à titre d’exemple, représente la parfaite illustration de cette constatation. Les ingrédients d’une cérémonie réussie sont impressionnants comparés à ceux des pays européens. À l’évidence, les traditions créées par la société veulent que cet acte béni par Dieu, dont l’objectif est la fondation d’une famille, soit un spectacle sur fond d’étalage de la richesse dans le seul but d’éblouir les invités. Une assistance qui compte la famille proche, la famille éloignée, les voisins, les amis des parents, qui ne vont, finalement, pas se priver du plaisir de tout critiquer en s’attardant sur les moindres gestes et détails. Des préparatifs pharaoniques précèdent le mariage. Ils se prolongent sur une année entière, et finissent par épuiser et ruiner les mariés et leurs familles, qui en font la majorité des frais, n’hésitant pas souvent à recourir à la banque pour les financer. Toujours est-il que le « chantier » du mariage est long à s’achever. Cela commence avec les faire-part, qui revêtent de multiples modèles, passant d’une simple carte – de moins en moins adoptée – à des modèles plus compliqués, prenant des formes diverses : cadre photo, annonce dans un journal, etc., en arabe et même en français, histoire d’afficher ce que l’on croit être de la distinction dans un pays où l’arabe est la langue officielle. Et pourquoi pas en anglais la prochaine fois ? Finalement, quel que soit le choix final, il est difficile de plaire à tous les invités. La journée de la mariée s’annonce longue et fatigante dans son rôle de petite star, suivi par les objectifs des caméras. Dès le petit matin, elle enchaîne les poses, se pliant aux directives du photographe, au motif de rendre éternelles les dernières heures de son célibat. Par la suite, le trajet à l’église se fait en grande pompe. Les klaxons de la longue chaîne de voitures déclenchent le compte à rebours vers la vie en couple. Pour faire bref, la dernière étape de ce long périple dont dépendrait le bonheur des mariés, une cérémonie prestigieuse dans un grand hôtel ou un restaurant de renom. La foule des invités est réunie autour d’un dîner pantagruélique pour partager le bonheur des nouveaux mariés. Et voilà, une nouvelle occasion pour affermir l’unicité des organisateurs : les plats, inspirés souvent de la cuisine étrangère, semblent bizarres au goût des invités, tous d’origine libanaise nécessairement. Inutile donc de trop s’investir dans le choix du menu ni d’exploiter l’imagination. Quant à la soirée, elle est ponctuée par l’intervention de la « zaffé », pure invention libanaise. Le choix de la troupe de danseurs, dont le rôle s’est développé au cours de ces dernières années, accapare beaucoup de temps, dans le souci des intéressés de réussir une réception de mariage parfaite. À la base censée accueillir les mariés à leur arrivée, vêtus du costume folklorique libanais, la troupe de danseurs est devenue omniprésente, accompagnant les nouveaux époux avec des tableaux à la mexicaine ou à l’espagnole. Avec le temps, cela est devenu un moyen de mesurer le succès du mariage. Immanquablement, dans un pays où le SMIC ne dépasse pas l’équivalent de 300 dollars, le mariage coûte une fortune. Manal HABKA
Au-delà des paysages naturels à couper le souffle, des célébrations, des festivités, des boîtes de nuit, des restaurants, des sorties, de l’hospitalité et de la convivialité des habitants, les rouages de la société libanaise sont bien délicats à connaître. En effet, à l’image du pays confronté à des problèmes de toutes sortes, et aux situations les plus complexes...