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Actualités - CHRONOLOGIE

France Anniversaire des droits de l’homme : un bilan mitigé et beaucoup d’inquiétude

Les commémorations du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle sont troublées par des déclarations de Kouchner. Née après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, du nazisme et de l’Holocauste, la Déclaration universelle des droits de l’homme fut adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par les 58 États alors membres de l’Assemblée générale de l’ONU, créée en 1945 pour succéder à la Société des nations. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », proclame le premier article de la déclaration, qui, en trente points, énumère des droits humains, civils, économiques, sociaux et culturels, « inaliénables » et « indivisibles ». La France et l’ONU ont célébré hier le soixantième de cette déclaration dont les valeurs sont mises en danger par de nouveaux défis comme le terrorisme et souvent tempérées par le réalisme politique. Dans ce contexte, l’anniversaire de la déclaration a été l’occasion pour les responsables politiques et les ONG de dresser un bilan en matière de défense des droits de l’homme. Créateur de Médecins sans frontières, inspirateur du droit d’ingérence humanitaire, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a donné le ton. « Il y a contradiction permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère d’un État, même en France », a-t-il déclaré hier. « La politique doit être imprégnée de droits de l’homme, mais ça ne résume pas une politique étrangère », a-t-il ajouté. « J’ai proposé à Nicolas Sarkozy d’avoir un secrétariat d’État aux Droits de l’homme et je pense que c’est une erreur, ça gêne », a-t-il encore déclaré. M. Kouchner a toutefois assuré, à la sortie du Conseil des ministres, qu’il respectait la secrétaire d’État aux Droits de l’homme, Rama Yade, et son travail. Cette dernière avait créé une controverse en décembre 2007 lors de la visite en France du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. « La France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant peut venir s’essuyer les pieds dans le sang de ses forfaits », avait-elle lancé, ce qui lui avait valu un rappel à l’ordre de l’Élysée. Pour Stéphane Hessel, ancien juriste de 90 ans qui a prit part à la rédaction du texte de la déclaration, « les pessimistes disent que ça va plus mal, que le monde est affreux. Les autres comme moi disent : non, vous ne savez pas regarder l’histoire. Il n’y a jamais eu autant de progrès en 60 ans ». Mais les défenseurs des droits de l’homme pointent des reculs et des interrogations, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001. « Le phénomène le plus important, même s’il n’est pas le seul, est lié à ce qu’on appelle le post-11-Septembre », estime Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH). « On a vu toute une série de réactions des États-Unis et d’autres pays occidentaux, tout à fait négatives en ce qui concerne les libertés », a-t-il noté dans le journal Le Monde. Amnesty International a lancé de son côté un appel au président américain élu Barack Obama. « J’espère vraiment que les États-Unis vont prendre une position ferme sur les droits de l’homme à l’avenir », a déclaré à l’AFP Irene Khan, la secrétaire générale d’Amnesty International. La question de l’universalisme des droits de l’homme se pose aussi, avec la montée en puissance de grands pays comme la Chine ou la Russie, ou encore à propos de la place des religions dans l’organisation des États. La France, patrie autoproclamée des droits de l’homme, a marqué cet anniversaire par la remise d’un prix. Il a été décerné à cinq associations, dont la fondation marocaine Orient-Occident, pour son travail en faveur des petites « bonnes » marocaines contraintes à devenir domestiques dès l’enfance, et l’Association pour la protection de l’enfant de la guerre au Liban, représentée par sa présidente Mirna Gannage, pour son action visant à la prise en charge psychologique des enfants traumatisés par la guerre. Une cérémonie s’est tenue, dans la soirée, sur le lieu même de la proclamation de la déclaration, au palais de Chaillot, à deux pas de la tour Eiffel, à Paris. À New York, l’ONU prévoyait de marquer cette journée, avec une intervention de Navi Pillay, la commissaire aux Droits de l’homme.
Les commémorations du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle sont troublées par des déclarations de Kouchner.
Née après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, du nazisme et de l’Holocauste, la Déclaration universelle des droits de l’homme fut adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par les 58 États alors membres de l’Assemblée générale de...