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Actualités - ANALYSE

Analyse Les graves lacunes sécuritaires en Inde mises en exergue

Les attentats accompagnés de prises d’otages à Bombay ont mis en lumière l’incapacité de l’Inde à se protéger contre les actes de violence majeurs d’extrémistes. « Si nous ne nous réveillons pas maintenant, il ne nous reste plus qu’à baisser la tête de honte », a commenté un expert en sécurité, Uday Bhaskar. Les précédentes violences du type de celles de Bombay avaient soulevé des vagues de récriminations désormais familières, concernant l’absence d’une stratégie cohérente de lutte contre le terrorisme, le sous-financement des services de renseignements ou l’inadéquation des systèmes de réponse rapide à de tels événements. Mais cela s’était traduit par peu d’actions concrètes. Le Premier ministre indien Manmohan Singh avait ainsi averti en septembre, juste après de sanglants attentats à la bombe synchronisés à New Delhi (22 morts) et deux mois avant les événements encore plus meurtriers survenus dans la capitale économique de l’Inde, que son pays n’était pas « coulant en matière de terrorisme ». En septembre également, le chef du gouvernement avait reconnu l’existence de « vastes manquements » dans la collecte de renseignements, mais avait juré qu’on tenterait d’y remédier. Or, à peine un mois après les attentats de New Delhi, des explosions dans l’État indien d’Assam (Nord-Est) coûtaient déjà la vie à 80 personnes. À Bombay, « l’échelle même et la planification étaient manifestement différentes par rapport aux précédents attentats. C’est un tournant dans les attentats », a commenté Rohan Gunaratna, un autre expert. Le défi que doivent relever les autorités indiennes dans ce domaine est immense, et pas seulement en raison de la taille du territoire et de la complexité de la société. Il y a aussi la longue rébellion séparatiste musulmane dans le Cachemire, région disputée avec le Pakistan, les insurrections maoïstes dans 15 des 31 États indiens et des frictions intercommunautaires qui dégénèrent régulièrement en violences. L’Inde s’enorgueillit de quelques forces spéciales hautement entraînées et efficaces, comme le détachement d’élite des « Chats noirs » de la garde nationale de sécurité, qui a neutralisé les islamistes passés mercredi soir à l’action à Bombay. « Mais ils constituent la seule force spécialisée », se lamente Arun Bhagat, ancien chef du bureau indien du renseignement. Pire, un récent rapport officiel montre que le budget annuel consacré à l’entraînement des forces de police dans certains États indiens est d’environ 100 roupies (deux dollars) par policier. « Tous les services chargés de la sécurité sont loin d’avoir réalisé que nous sommes dans un état de guerre non déclarée », a ajouté M. Bhagat, interrogé par l’AFP. « Nous devons faire confiance à des musulmans et obtenir leur aide » pour lutter contre les auteurs des violences, suggère Kanwal Pal Singh Gill, ex-chef de la police de l’État du Pendjab, pour lequel les services de renseignements devraient recruter des membres de cette vaste communauté en Inde. « Nous devons mettre davantage l’accent sur les actions préventives », a-t-il ajouté, déplorant l’immixtion des politiques, avec à la clé l’énorme intervalle de temps qui sépare le moment où l’on propose des mesures de celui où on les adopte. Pour Joginder Singh, qui fut à la tête du bureau central d’enquête, « la vérité est que nous n’avons pas une politique ou une stratégie antiterroriste claire ».
Les attentats accompagnés de prises d’otages à Bombay ont mis en lumière l’incapacité de l’Inde à se protéger contre les actes de violence majeurs d’extrémistes.
« Si nous ne nous réveillons pas maintenant, il ne nous reste plus qu’à baisser la tête de honte », a commenté un expert en sécurité, Uday Bhaskar.
Les précédentes violences du type de celles de...