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Santé Sida : une progression de 22 % des cas au Liban Nada MERHI

Cent seize nouveaux cas de sida sont recensés au Liban en 2008, soit une augmentation de 22 %. Un appel à la vigilance est ainsi lancé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, pour stopper la progression de l’épidémie dans notre pays. Cette année, la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, témoigne d’une relance intensifiée de la campagne, surtout médiatique, appelant à la vigilance. Une relance d’autant plus justifiée qu’une augmentation de 22 % des personnes infectées par le VIH a été notée cette année, avec 116 nouveaux cas déclarés jusqu’en novembre 2008 contre 90 en 2007, selon les chiffres avancés par le Programme national de lutte contre le sida (PNLS). Les cas non publiés varieraient entre 2 500 et 3 000, selon le programme. Le chiffre croissant des cas d’infection dénote, selon les spécialistes, non seulement une augmentation du taux de dépistage grâce à l’établissement des centres de dépistage anonymes et gratuits sur l’ensemble du territoire, mais aussi en raison d’une augmentation de l’épidémie. C’est donc un appel à la vigilance qui a été lancé hier par le PNLS, le ministère de la Santé, le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le bureau du Fonds des Nations unies pour la population au cours d’une conférence de presse donnée à l’ordre de la presse, à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida, placée cette année sous le thème de « Femmes ! Prenez l’initiative. Leaders ! Honorez vos promesses : stoppez le sida ! ». « À l’échelle mondiale, nous notons une augmentation du nombre des femmes atteintes par le virus du sida », explique à L’Orient-Le Jour le Dr Jacques Mokhbat, président de la Société libanaise du sida, en marge de la conférence. « En Afrique subsaharienne, à titre d’exemple, plus de 60 % des cas d’infection par le VIH sont détectés chez des femmes, poursuit-il. Au Liban, le taux des femmes infectées reste faible (17,9 % des cas, selon le PNLS). » La « vulnérabilité » de la femme demeure la principale cause du taux élevé d’infections dans le monde. « Sur le plan biologique, celle-ci est plus vulnérable vu la surface plus large du vagin, ce qui permet la pénétration du virus à travers la muqueuse vaginale, souligne le Dr Mokhbat. La femme est également plus vulnérable sur le double plan social et économique. Sans oublier que dans certains milieux, elle est victime de violences conjugales et extraconjugales. » Abolir les lois contre l’homosexualité Et d’ajouter : « Malheureusement, jusqu’à présent, les hommes ne suivent pas toujours de bonnes directives de prévention, notamment les hommes hétérosexuels. L’épidémie ayant eu un aspect homosexuel au départ, les hommes hétérosexuels ont considéré qu’ils étaient moins à risque et ont pris donc moins de précautions. » « La campagne lance par ailleurs un appel aux leaders dans le monde pour maintenir leurs promesses, note le Dr Mokhbat. Ces derniers ont en fait promis de s’investir dans la lutte contre le sida, de favoriser la distribution de moyens de prévention, de promouvoir l’éducation dans les écoles, de lutter contre les lois coercitives et discriminatoires contre les personnes vivant avec le VIH ou celles qui sont dans les groupes vulnérables. » Des promesses qui, malheureusement, n’ont pas été tenues dans leur majorité. Lutter contre le VIH nécessite donc « une attitude positive, libérale, libre et ouverte ». « Il ne faut plus essayer de se cacher derrière le doigt, insiste le Dr Mokhbat. L’homosexualité existe. Elle a toujours existé et continuera à l’être. Personne n’a le droit de juger du bien-fondé d’un acte sexuel, qu’il soit homo ou hétéro. Il faudrait par conséquent éliminer les lois qui punissent l’homosexualité. » Et de conclure : « Nous demandons que ces promesses soient tenues, que le traitement des personnes vivant avec le VIH soit assuré d’une façon continue et que le nouveaux traitements soient mis à la disposition des patients. » « Dans nos sociétés, le problème du sida n’a pas été abordé de façon claire et sérieuse, parce que le caractère social, culturel et religieux a pris le dessus, affirme pour sa part le ministre de la Santé dans son allocution. Les informations doivent être transparentes et mises à la disposition des sociétés. Les statistiques et les chiffres doivent être de même véridiques, pour pouvoir traiter avec la maladie. » Rappelant que les chiffres font état de 33 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde, le Dr Mohammad Jawad Khalifé remarque que plusieurs pays arabes « ne reconnaissent pas le nombre des personnes atteintes ». « Dissimuler les chiffres n’aide pas à résoudre le problème », indique-t-il. Prononçant l’allocution de Mme Marta Ruedas, représentante permanente des Nations unies au Liban, Mme Asma Kordahi a constaté que dans les pays arabes, « le problème du sida n’a pas encore été abordé de façon sérieuse » et cela pour deux raisons essentielles : la peur et le manque d’informations. « Les études et les statistiques montrent une augmentation inquiétante du nombre des infections, déplore-t-elle. Si l’on ne réagit pas, la progression sera à 4 % dans les pays arabes d’ici à 2015. » Un chiffre énorme pour le monde arabe. Le coordinateur général du réseau des ONG libanaises, Joseph Farah, a appelé pour sa part à « passer de la médecine curative à la médecine préventive pour atteindre les objectifs du Millénaire ». Quant au représentant de l’OMS, Hussein Abouzeid, il a donné lecture de l’allocution du représentant régional de l’OMS, Hussein Abdel-Razzak, qui a appelé les femmes qui occupent des postes de « leadership » de jouer un rôle positif pour stopper la progression du virus. Prenant la parole en dernier, le directeur du PNLS, le Dr Moustapha al-Nakib, a présenté les derniers chiffres sur les infections au Liban.
Cent seize nouveaux cas de sida sont recensés au Liban en 2008, soit une augmentation de 22 %. Un appel à la vigilance est ainsi lancé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, pour stopper la progression de l’épidémie dans notre pays.
Cette année, la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, témoigne d’une relance...