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Actualités - OPINION

La situation Pour combler le temps mort, des voyages... qui reflètent les divisions politiques Scarlett Haddad

Une séance parlementaire avortée, un Conseil des ministres apaisé bon gré, mal gré : la tendance générale au Liban reste au calme, mais sans solutions radicales aux problèmes en suspens, sur fond de voyages entrepris ou à effectuer. Les problèmes quotidiens des Libanais, qui n’en finissent plus de subir les affres d’une grave crise économique et ceux d’une circulation encore plus bloquée que les salaires, ne parviennent pas à pousser les députés à s’entendre sur des questions de base. La séance parlementaire de mercredi s’est donc terminée sans résultat concret. Quant au Conseil des ministres d’hier, comme chaque fois qu’il se tient à Baabda, il surmonte ses divisions mais ne traite pas en profondeur les dossiers. Ainsi, il ne nomme pas un successeur au président du Conseil supérieur de la magistrature Antoine Khair, qui a présenté sa démission pour postuler au Conseil constitutionnel, et ne procède pas aux permutations judiciaires qui exigent, selon la formule consacrée, « des concertations plus poussées ». Mais les institutions continueront de fonctionner tant bien que mal, en attendant les élections législatives du printemps prochain. Pour combler le temps mort, les visites à l’étranger se multiplient. Après l’Iran, où il a fait preuve d’une grande habileté, évitant les pièges des discours trop enflammés et des positons trop engagées qui auraient pu indisposer l’Occident, le président Michel Sleiman s’apprête à se rendre en Allemagne mardi prochain pour des entretiens avec la chancelière Angela Merkel, dont le pays vient d’ailleurs d’interdire la diffusion de la chaîne al-Manar, appartenant au Hezbollah, sur son territoire. Selon des sources proches de Baabda, le président a fait preuve de beaucoup de sens diplomatique avec ses interlocuteurs iraniens, d’autant que ce pays avait un moment songé à proposer à l’armée libanaise des armes de défense antiaériennes qui auraient pu remettre en cause l’équilibre stratégique dans la région, mais avec subtilité. Le président a préféré contourner le sujet, l’armement de l’armée étant une question particulièrement délicate, qui ne peut pas être traitée rapidement. Il faudrait surtout étudier les besoins de l’armée tels que définis par les parties concernées, en l’occurrence le ministre de la Défense et les officiers supérieurs. Le président Sleiman s’est en même temps rendu à une exposition d’armes de fabrication iranienne, écoutant attentivement les explications des experts de la République islamique. Le président poursuit donc son subtil jeu d’équilibre entre les camps régionaux et internationaux, refusant de s’engager dans un sens ou dans l’autre et de perdre ainsi sa qualité consensuelle, alors que, soudain, de nombreuses parties régionales et internationales semblent rivaliser entre elles pour équiper l’armée libanaise. Le dossier des relations libano-syriennes continue toutefois de dominer l’actualité libanaise. Le Conseil des ministres devait désigner ainsi les membres de la commission conjointe pour les frontières, et, malgré les accrocs, la coopération entre les deux pays prend le chemin de l’amélioration, au moins sur le plan de la sécurité. Après le sommet de l’été entre Sleiman et Assad, la visite du nouveau directeur des SR militaires, le général Edmond Fadel, à Damas, suivie de celle du ministre de l’Intérieur Ziyad Baroud, puis de celles des ministres Tarek Mitri et Tammam Salam, c’est au tour du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, de se rendre en Syrie au cours du week-end à la tête d’une importante délégation militaire. Officiellement, le dossier sécuritaire semble donc prendre le pas sur les autres, entre le Liban et la Syrie, mais la politique n’est jamais bien loin. C’est ainsi en grande pompe que Damas s’apprête à accueillir le chef du CPL, le général Michel Aoun, qui devrait s’y rendre dans le courant de la semaine prochaine, fermant ainsi une page conflictuelle entre lui, une partie des chrétiens et les autorités de Damas. Si le programme officiel de la visite n’a pas encore été divulgué, ni sa date précise d’ailleurs, on parle de nombreuses rencontres politiques, dont un entretien avec le président Bachar el-Assad, mais aussi de pèlerinages religieux, notamment sur la tombe de saint Jean-Baptiste, au milieu de la mosquée des Omeyyades, et d’un meeting populaire dans le quartier chrétien de Damas, à Bab Touma. De son côté, le chef du Courant du futur a entrepris une visite au Caire à la tête d’une délégation de son bloc parlementaire. Il s’est entretenu avec le président Hosni Moubarak et a affirmé que les élections législatives auront lieu à la date prévue. « Elles avaient bien eu lieu après l’assassinat de Rafic Hariri, il n’y a donc pas lieu de les reporter... » a-t-il déclaré aux journalistes. En somme, la division politique du pays se traduit aussi dans les destinations à l’étranger des différents pôles politiques. Seul le président va partout, et une toute petite percée est enregistrée avec le prochain départ d’une délégation du Hezbollah en Arabie saoudite pour le pèlerinage traditionnel de la fête de l’Adha...
Une séance parlementaire avortée, un Conseil des ministres apaisé bon gré, mal gré : la tendance générale au Liban reste au calme, mais sans solutions radicales aux problèmes en suspens, sur fond de voyages entrepris ou à effectuer.
Les problèmes quotidiens des Libanais, qui n’en finissent plus de subir les affres d’une grave crise économique et ceux d’une circulation encore...