Entre parenthèses Cours toujours

de Colette KHALAF La vie est une course contre le temps, contre la montre et, finalement, contre la mort. Les chanteurs n’en finissent pas de le rappeler. « Je n’aurai pas le temps, pas le temps… même en courant plus vite que le vent…. » Et les films reprennent en écho cet appel de détresse sur le même thème de la course. Il faut courir avant que le temps ne vous rattrape. Avant que la maladie ne le fasse. Unis dans un même effort, dans une même volonté, les hommes, soudés, courent, faisant de leurs corps un rempart contre les fléaux de la vie. Comme cette course contre le cancer organisée par la BLOM Bank. Et pourquoi pas ce Marathon Man de John Schlesinger campé en 1976 par Dustin Hoffman ; ou encore ces pathétiques hommes et femmes lancés sur une piste de danse et devant courir sans jamais s’arrêter. C’était en 1969. Sydney Pollack venait de signer un film fort et poignant qui s’intitulait They Shoot Horses Don’t They ? On pouvait à cette époque user de ses jambes pour gagner sa vie. Aujourd’hui, même si courir est utilisé au sens péjoratif, les hommes courent dans tous les sens pour faire de l’argent. Dans tous les sens et souvent contre les sens d’une aiguille, comme pour vaincre le temps. Arnold Schwarzenegger ou Ben Gazzara s’étaient eux aussi mis au pas de course pour incarner respectivement The Running Man ou Run for Your Life. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point », disait Jean de La Fontaine. Ce poète et philosophe avait tout compris. Même si les humains courent, ils font souvent du vent. Much A Do About Nothing, filmait Kenneth Branagh en reprenant le grand Skakespeare. Un autre petit gars avait aussi compris qu’en courant on pouvait parfois changer le cours du temps. Il s’appelait Forrest Gump et il suffisait qu’on lui crie Run Forrest Run pour qu’il prenne ses jambes à son cou. Alors plutôt que de rester immobile et laisser le temps nous rattraper, il faudrait faire un petit tour de piste. Et pourquoi pas trois petits tours avant de s’en aller ?