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Actualités - ANALYSE

Éclairage L’affaire du « Sirius Star » réveille le spectre du terrorisme maritime

Les pirates somaliens donnent des sueurs froides aux armateurs, assureurs et autres responsables de la sécurité maritime et de la lutte antiterroriste. D’une facilité déconcertante, l’abordage en très haute mer du supertanker Sirius Star par des pirates somaliens a réveillé le spectre du terrorisme maritime, rappelant la vulnérabilité de la marine marchande. En 16 minutes chrono, le 15 novembre, une poignée de pirates armés de kalachnikov et de lance-roquettes (RPG-7) rudimentaires sont parvenus à s’emparer d’un géant des mers et de sa cargaison : 300 000 tonnes de brut estimées à 100 millions de dollars, soit le quart de la production journalière de l’Arabie saoudite. Depuis, le Sirius Star croupit à l’ancre devant le port somalien de Harardhere, un repaire de pirates. « L’affaire du Sirius Star est inquiétante, elle peut montrer à d’autres qu’il est assez simple de mener ce genre d’opérations », souligne Laurent Galy, professeur à l’École de la marine marchande de Nantes, en France. Le gouvernement djiboutien a assimilé les actes de piraterie lancés depuis le territoire de la Somalie voisine à « une nouvelle forme de terrorisme », tandis que Riyad y voit un « démon qu’il faut éradiquer au même titre que le terrorisme ». Les actions terroristes conduites en mer ne sont pas légion, mais elles ont frappé les esprits : l’Achille Lauro (un mort, en octobre 1985), l’USS Cole (17 morts, en octobre 2000), le pétrolier français Limburg (un mort, en octobre 2002), le Superferry 14 en baie de Manille (plus de 100 mort, en février 2004). Écrivains et scénaristes se sont emparés du sujet. Dès 1979, l’auteur à succès britannique Frederick Forsyth imagine dans un de ses romans, L’Alternative du diable, le détournement d’un superpétrolier en mer du Nord. « La réalité a rattrapé la fiction lorsque des pirates ont capturé le superpétrolier saoudien Sirius Star », écrivait mardi dernier l’écrivain John Chadwell sur son blog (http://huntoftheseawolves.net/blog/). Son roman raconte l’histoire d’un bateau chargé de gaz naturel liquéfié, utilisé comme arme de destruction massive. John Chadwell en a signé l’adaptation cinématographique, attendue l’an prochain sur les écrans américains. Les scénarios-catastrophes ne manquent pas : du cargo bourré d’explosifs à l’immense marée noire provoquée par le sabordage d’un pétrolier en passant par le détournement d’un porte-conteneurs chargé de matières radioactives. « Pour un navire au long cours, il y a cinq points de passage quasi obligés à travers le monde : Gibraltar, Suez, Panama, le détroit de Malacca et celui d’Ormuz, par lequel transite l’essentiel de la flotte pétrolière », remarque Laurent Galy. « S’attaquer à l’un d’eux, ce serait gravement perturber le transport maritime qui assure, à lui seul, 80 % des échanges de marchandises dans le monde », ajoute-t-il. Pour autant, relève l’expert, « si le mode opératoire des terroristes peut être semblable à celui des pirates, les objectifs divergent : le pirate considère le navire et son équipage comme une marchandise, levier d’une sorte de négociation commerciale, tandis que le terroriste peut décider de le saborder ou de le détruire ». Cependant, un des pirates somaliens, membre du groupe se trouvant à bord du Sirius Star, a annoncé samedi qu’ils riposteront à toute éventuelle intervention militaire pour les déloger. Hervé ASQUIN (AFP)
Les pirates somaliens donnent des sueurs froides aux armateurs, assureurs et autres responsables de la sécurité maritime et de la lutte antiterroriste.
D’une facilité déconcertante, l’abordage en très haute mer du supertanker Sirius Star par des pirates somaliens a réveillé le spectre du terrorisme maritime, rappelant la vulnérabilité de la marine marchande. En 16...