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Actualités - CHRONOLOGIE

L’« île du bonheur », ou le prototype d’un futur

ABOU DHABI, de Colette KHALAF C’est au large d’Abou Dhabi, sur l’île de Saadiyate que se construit la plus grande agglomération culturelle contemporaine. Un chantier, dans la lignée de la politique de la famille princière, destiné à prendre forme à partir de 2011. Sur cette île naturelle où la faune (gazelles et tortues géantes) est préservée des aléas du temps, les constructions (on compte à peu près une possibilité de 150 000 habitants), l’infrastructure ultrasophistiquée et surtout les institutions culturelles vont s’installer d’ici à une décennie. Un boom économique et social qui a été rendu possible grâce à la vision d’un homme (feu cheikh Zayed bin Sultan al-Nahyan), reprise par ses fils et soutenue actuellement par des organisations publiques comme la TDIC (Compagnie d’investissement et de développement touristique), l’ADTA et des fonds d’institutions privées. Noyau principal de cette « île du bonheur », le district culturel, actuellement véritable terra incognita, vise à devenir d’ici à quelques années le phare culturel de la capitale des Émirats arabes unis. Outre le Musée national de cheikh Zayed, le district culturel comprend quatre grands projets : le Musée maritime conçu par l’architecte Tadao Ando, le Guggenheim vu par l’Américain Frank Gehry, le Louvre de Jean Nouvel ainsi que le Performing Arts Center de Zaha Hadid. Interrogé sur les moyens de concilier modernité et audace de l’art contemporain tout en respectant les valeurs de cette région islamique, Thomas Krens, ancien directeur de la fondation Guggenheim, affirme que « l’objectif n’est pas d’entrer dans une confrontation, mais de s’engager dans un échange culturel ». En effet le Guggenheim, qui sera un musée où « toutes les œuvres d’art exposées respecteront la culture et l’héritage national et islamique d’Abou Dhabi », est inspiré de l’architecture vernaculaire du désert du Golfe avec des formes coniques qui animent le bâtiment alors que des « barjeel » (des tours d’aération) rafraîchissent l’air. Le GAD, dont la construction devrait durer cinq ans environ, s’étalera sur une superficie de 30 000 m2, pour devenir ainsi le plus grand des cinq autres musées de la fondation Guggenheim au monde (New York, Bilbao, Berlin, Venise et Las Vegas). Le musée, qui va acquérir sa propre collection d’ici à l’inauguration, exposera aussi des œuvres appartenant déjà à la fondation, tandis que sa collection sera représentative de l’art contemporain dans le monde entier, avec une place spéciale pour le Proche-Orient. Le projet du Louvre, qui a suscité une vive polémique, s’inscrit, lui, dans la tendance actuelle qui voit les musées s’exporter sur le modèle du Guggenheim de New York, franchisé à Bilbao et à Berlin. Le dôme plat, rond et dentelé rappelle les « moucharrabiyat » et fait filtrer la lumière. Contrairement au Guggenheim qui met l’accent sur l’art contemporain et le moderne, le Louvre, mis à part un auditorium et un centre d’informations, comprendra des collections classiques et anciennes (permanentes et temporaires). Zaha Hadid était à Abou Dhabi pour expliquer son projet. Chargée de mettre sur pied le Performing Arts Center, la construction futuriste (haute de 62 mètres) est néanmoins dérivée de figures, de branches et de feuillages. Elle étale son bras dans la mer comme si elle projetait son esprit dans le futur. Cette bâtisse devrait comprendre notamment un théâtre de neuf cents sièges, un opéra de 1 200 sièges et des salles de concert de 1 800 sièges. Enfin, le Musée maritime est un simple volume comme formé par les vents et qui comprend des rampes et des passerelles flottantes. Cet espace devrait rappeler l’histoire maritime d’Abou Dhabi et ses traditions de marins et de pêcheurs. Bâtiment monolithique d’une simplicité absolue, cette construction est un hommage à la mer et à sa grandeur. Curateurs et organisateurs conviennent que ces projets devraient prendre forme sur cette terre sablonneuse et quasi lunaire de Saadiyate. En attendant, les maquettes sont exposées dans un espace de l’Emirates Palace à Abou Dhabi. Une occasion de voir l’effort de l’homme traduit en travail. Contrairement à Dubaï, sa rivale, Abou Dhabi entend jouer la carte de la culture et cette petite principauté le fait bien. Avec beaucoup d’élégance et de finesse.
ABOU DHABI,
de Colette KHALAF

C’est au large d’Abou Dhabi, sur l’île de Saadiyate que se construit la plus grande agglomération culturelle contemporaine. Un chantier, dans la lignée de la politique de la famille princière, destiné
à prendre forme à partir de 2011.

Sur cette île naturelle où la faune (gazelles et tortues géantes) est préservée des aléas du...