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Joaillerie Les carnivores de Dior par Victoire de Castellane

Mais qui est Victoire ? La frange créée avant ses 5 ans, les talons qui tutoient les nuages, les jupes évasées plutôt noires, la silhouette de Victoire de Castellane est déjà un poème. Les yeux qui disent une certaine candeur et une certaine fantaisie, le sourire, souvent taquin, toujours affiché. Parisienne, elle grandit dans une famille de la noblesse dont les origines remontent au Xe siècle. Les Castellane comptent des princes régnants battant monnaie en Provence, quelques évêques, des pairs de France, des généraux, Talleyrand, un maréchal gouverneur de Lyon et, énième sommité, l’arrière-grand-oncle de Victoire : Boni de Castellane, dandy, figure légendaire du Paris du second Empire, qui donna les plus remarquables fêtes de la Belle Époque dans le fameux palais Rose qu’il fit construire avenue Foch. Sa grand-mère Sylvia Hennessy et son amie Barbara Hutton furent deux exemples en matière de bijoux démesurés et d’extravagances assumées. Victoire de Castellane n’a que 5 ans quand elle commet son premier exploit joaillier : elle démonte un inestimable bracelet à breloques pour en faire une paire de boucles d’oreille. Mère indignée, créativité assouvie. À 12 ans, elle crée sa première bague, et sa mère n’est toujours pas contente : pour obtenir le métal précieux, elle n’a pas hésité à faire fondre ses médailles religieuses. Indifférence aux conventions, sens du défi technique : les bases sont jetées. L’imaginaire contre le conventionnel Quand elle se pose place Vendôme à la fin du XXe siècle, Victoire de Castellane se passionne pour une joaillerie relevant plutôt de l’imaginaire que du conventionnel. Elle se laisse porter par des inspirations mixtes : la naïveté débordante du Technicolor, la sophistication du Scope, les surprises du végétal, les ailes de papillons, la nature et ses splendeurs, Hollywood et Bollywood, les décors de dessins animés américains des années 1950, les actrices, les danseuses, les courbes et les attitudes féminines, les miniatures japonaises, la pop culture acidulée et effrontément insouciante, et se joue des barrières entre naturel et artificiel, vrai et faux, naïf et beau, le minuscule et la démesure. Victoire de Castellane recherche les pierres les plus étonnantes. Alors que la joaillerie délaissait les pierres fines, Victoire de Castellane n’écoute que son cœur, y installe son aire de jeu, repoussant joyeusement le classicisme soporifique qui règne dans la joaillerie depuis la fin des années 1970. Elle a bien vu : depuis 2004, ces pierres fines et semi-précieuses sont officiellement reconnues comme pierres précieuses, en raison de leur rareté et de leur éclat. Énormes améthystes (et on écrit bien « énormes »), morganites folles, citrines et aigues-marines à vous fluidifier la circulation, béryls verts démentiels, rien n’est jamais trop pour Victoire de Castellane. Tout part à chaque fois d’une ébauche sur un Post-it. « Il faudrait pouvoir scanner mon cerveau », dit celle qui jongle souvent avec la persévérance et la frustration lorsque la gestation technique peut prendre deux ans. Des délais que l’on conçoit aisément en observant certains des mécanismes les plus sophistiqués qu’elle doit mettre en œuvre. Si les idées en escadrilles bousculent régulièrement les habitudes de l’artisanat joaillier et excitent l’inventivité pour surmonter les improbables défis techniques, Victoire de Castellane n’en démord jamais : tout doit être fabriqué à la main, dans des ateliers parisiens. Ici, rien n’est mécanisé. Parmi ses dernières folies : Belladone Island, séisme joaillier de 2007, avec ses plantes carnivores extraordinaires, ses papillons omnivores qui sertissent les opales brutes d’Éthiopie, diamants taille libre, tourmalines de Paraïba en carambolage avec de l’or laqué de rose Panthère et de vert insomniaque. Et la nouvelle collection, encore un grand huit visuel et technique : Milly Carnivora, soit le bébé carnivore de Belladone Island né à Milly-la-Forêt. La laque, mise au point pour les Diorettes, ces fleurs sorties du jardin de Christian Dior à Milly-la-Forêt, prend ici toute son ampleur. À l’origine de cette laque, l’indignation de Victoire : « L’or n’a que trois couleurs, c’est insensé ! » Elle décide alors de procéder à un laquage inédit. Et voici de l’or vert chlorophylle métallisé, de l’or vermillon, des dégradés plus baroques qu’une carrosserie américaine des années 1950. De l’or violet translucide, de l’or hystériquement chromatique avec des coloris dignes des oiseaux d’Amazonie ! Victoire de Castellane a lancé le département Haute Joaillerie de Dior le 1er janvier 1998. Elle habite à Paris et a quatre enfants.
Mais qui est Victoire ?
La frange créée avant ses 5 ans, les talons qui
tutoient les nuages, les jupes évasées plutôt
noires, la silhouette de Victoire de Castellane est déjà un poème. Les yeux qui disent une certaine candeur et une certaine fantaisie, le sourire, souvent taquin, toujours affiché.
Parisienne, elle grandit dans une famille de la noblesse dont les...