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Mais qui veut des tanks russes ? Joseph ZOGHBI

On parle de nouveau de doter l’armée libanaise de tanks russes. Ceux qui en parlent ont les idées tellement courtes qu’ils ont oublié qu’en 1982, lors de l’offensive israélienne « Paix en Galilée », les missiles sol-air déployés par les Syriens en territoire libanais, dans la Békaa, furent détruits en l’espace de quelques heures. En outre, les Syriens perdirent plus de 90 avions, plusieurs dizaines d’hélicoptères antichars. Une division blindée stationnée sur le versant oriental de la Békaa fut sérieusement touchée et forcée de se replier. Si le but est de fournir à l’armée quelques dizaines de tanks pour endiguer des troubles internes, un tank en vaut un autre, à quelques détails près, mais si les tanks russes sont destinés à être la base de la stratégie militaire, cela ne va plus. Réveillons-nous ! Même l’armée syrienne, qui était bien équipée mais pas avec du matériel de pointe comme ceux de l’armée israélienne, a été battue. Tant que l’armée libanaise n’a pas toute la couverture aérienne adéquate, ou une défense aérienne efficace nécessaire pour pouvoir défendre les forces terrestres, il est inutile de doter ces forces terrestres d’équipements lourds et onéreux comme l’a fait l’armée syrienne en 1982, quand des milliards de dollars sont partis en fumée en quelques heures sans qu’il soit possible de faire face à l’armée israélienne. Après avoir dilapidé l’argent du contribuable libanais dans des investissements et des équipements non productifs, M. Saad Hariri veut nous faire acheter des tanks russes, pour les voir partir en fumée en quelques heures et voir tuer tous leurs occupants. Pour pouvoir rivaliser avec l’armée israélienne dans cette stratégie complètement suicidaire, des dizaines de milliards de dollars, que le Liban n’a pas, sont nécessaires pour se procurer d’armements plus, ou aussi, sophistiqués que ceux des Israéliens, ce qui est impossible. Et quand bien même on aurait les milliards, les pourvoyeurs d’armements ne bouleverseront pas les équilibres stratégiques existants et ne nous donneront que les rebus de leurs stocks. Souvenons-nous des fameux « Crotale » français qui n’ont jamais été reçus. Les députés, les ministres et autres bien-pensants doivent impérativement stopper ce délire auquel nous refusons, en tant que Libanais, de souscrire. Les apprentis sorciers nous ont conduits au désastre économique ; nous ne voulons pas qu’ils en rajoutent en nous conduisant à un désastre militaire. Le Liban ne peut pas rivaliser avec les États-Unis et Israël dans cette stratégie. L’une des meilleures stratégies, et dont l’efficacité a été démontrée dernièrement, consiste à utiliser la géographie de notre territoire pour rendre une invasion tellement difficile et coûteuse qu’un ennemi, quel qu’il soit, réfléchirait à plusieurs reprises avant de s’y engager. Une stratégie basée sur les fortifications et les galeries, extrêmement bien équipées en vivre, en communication et en renseignement, les mouvements rapides des troupes bien entraînées, les armements légers destructeurs et les missiles (faciles à obtenir) encore plus destructeurs, sur une toile de fond de cohésion nationale, est une stratégie qui a fait ses preuves durant la dernière bataille contre Israël. Nous sommes un peuple ancré dans sa terre et ce ne sont pas les Israéliens, ou toute autre partie, qui vont nous déloger si nous sommes résolus à la défendre. Pour être résolus à défendre notre terre, il faudrait que tout le peuple soit derrière son armée et qu’on ne sente pas qu’on risque de recevoir des coups de nos concitoyens dans le dos ou dans les flancs. Nous ne voulons envahir personne, mais nous devons empêcher qui que ce soit de nous envahir. Les batailles récentes (au Liban et dans le désert irakien) ont démontré que les milliers de tanks ne sont pas seuls décisifs pour remporter une victoire. Alors ne nous pressons pas à nous engager dans une stratégie qui ne nous mènera à rien. Article paru le vendredi 14 novembre 2008
On parle de nouveau de doter l’armée libanaise de tanks russes. Ceux qui en parlent ont les idées tellement courtes qu’ils ont oublié qu’en 1982, lors de l’offensive israélienne « Paix en Galilée », les missiles sol-air déployés par les Syriens en territoire libanais, dans la Békaa, furent détruits en l’espace de quelques heures. En outre, les Syriens perdirent...