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Actualités - OPINION

Retour à la formule Karamé de 1984 Michel FAYAD

Les maronites ont été les premiers chrétiens à rejeter la dhimmitude, et à chercher à travers la démocratie libanaise et son système confessionnel à assurer liberté et sécurité aux chrétiens et à tous en général. En effet, comme le rappelle le père Sélim Abou, des chrétiens non maronites, en raison de leur appartenance à des Églises plus régionales que nationales, se sont longtemps montrés sensibles à l’idéologie panarabe ou encore pansyrienne, et ont vu dans la laïcité la formule politique susceptible d’arracher tous les chrétiens d’Orient au statut de dhimmi et de leur assurer un statut de citoyens à part égale. Leur plan était d’adopter le nationalisme arabe ou syrien et de le laïciser de l’intérieur, explique l’ancien doyen de l’USJ. Mais, comme le note le père Abou, l’insurrection de 1958 et les événements de 1975 à 1990 ont « maronitisé » les chrétiens du Liban. Ce processus de « maronitisation » est aujourd’hui en voie d’aboutissement : désormais, on voit au Koura, fief des grecs-othodoxes, le Parti syrien national social se poser en défenseur des chrétiens face à la menace salafiste et wahhabite se développant dans les régions de Tripoli, Minié et Denniyé (Voir L’Orient-Le Jour du mercredi 12 novembre 2008). Déconfessionnalisation du système et présidence maronite ne sont pas deux principes opposés. Comme l’explique l’ancien ministre Sélim Jahel, la présidence maronite s’inscrit dans le cadre stratégique d’une protection (fonctionnelle) des minorités en Orient et non dans le cadre du confessionnalisme politique qui privilégierait les maronites. La présidence est donc un gage servant aux maronites à assurer la sauvegarde de leurs droits, de leur liberté, de leur existence, et de ceux des autres minoritaires en général et des autres chrétiens en particulier. Tout dépouillement de ses prérogatives peut donc être analysé uniquement dans le sens d’une réduction de leurs droits. Avec Taëf, le président n’est plus le chef de l’Exécutif et n’est même plus un arbitre. Son rôle apparaît plus formel que réel. La fonction présidentielle est vidée de son halo et de son prestige. Les pouvoirs du président de la République ne sont ni réduits ni limités, mais ôtés et transférés au Conseil des ministres et à son président. Pour toutes ces raisons et pour d’autres, on voit aujourd’hui des revendications concernant la vice-présidence du Conseil qui revient à la communauté grecque-orthodoxe. Que faire ? Il faudrait appliquer la formule de Rachid Karamé datant de 1984, laquelle consiste à confier le pouvoir exécutif au président de la République qui l’exercerait avec la participation du Conseil des ministres. En ce qui concerne le mode d’élection du président de la République, il est nécessaire de garantir sa libanité vis-à-vis de l’extérieur et sa représentativité de la pluralité libanaise. Le suffrage universel direct transformerait la démocratie consensuelle libanaise en démocratie numérique, et l’élection du président par le Parlement a montré que le choix des députés était dicté par un compromis régional et/ou international. C’est pourquoi, le suffrage universel indirect semble être le meilleur mode d’élection. La nouvelle formule politique qui verra le jour devra reposer sur la participation de la société civile, une identité citoyenne avec une citoyenneté engagée, une démocratie de proximité, le régionalisme, la neutralité positive garantie internationalement, et une loi électorale assurant la parité islamo-chrétienne au premier tour à travers le système uninominal (élection d’un seul député par circonscription) et le développement de véritables partis au second tour à travers un système proportionnel sur la base de quatre sièges. Pour parvenir réellement à un rapport État-citoyen, une charte intégrant les articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme, sans se contenter d’une simple référence comme c’est le cas dans le texte actuel, pourrait être introduite dans la Constitution afin d’octroyer des droits fondamentaux aux libanais en tant que citoyens. Enfin, un processus de laïcisation pourrait être enclenché avec la mise en place d’un pôle de statut personnel institué au ministère public. Celui-ci serait chargé de donner son avis sur tout litige soumis aux tribunaux confessionnels avec pouvoir d’exercer toute voie de recours contre leurs décisions. Un office étatique pourrait être également créé pour toutes requêtes et autres doléances des particuliers. Article paru le vendredi 14 novembre 2008
Les maronites ont été les premiers chrétiens à rejeter la dhimmitude, et à chercher à travers la démocratie libanaise et son système confessionnel à assurer liberté et sécurité aux chrétiens et à tous en général. En effet, comme le rappelle le père Sélim Abou, des chrétiens non maronites, en raison de leur appartenance à des Églises plus régionales que nationales,...