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Actualités - OPINION

Le choix du chrétien en Orient

La Constitution irakienne est claire : « L’islam est la religion de l’État et une source principale de la loi ». Autrement dit, la démocratie irakienne est condamnée à « résister » à la charia. La Constitution reconnaît aux chrétiens une liberté religieuse limitée (libre appartenance à une religion et libre exercice du culte). Cette liberté leur est concédée et peut donc être annulée. Les chrétiens d’Irak sont donc soumis à l’état de dhimmitude. Des miliciens tentent de les soumettre à payer l’humiliante jizia, l’impôt de capitation (taxe, tribut ou encore amende) pour « s’excuser » d’être chrétiens et donc « inférieurs », et qui n’a plus été imposée dans un pays musulman depuis un siècle. Des leaders musulmans appellent à la « protection » des chrétiens d’Irak qui subissent le meurtre, l’humiliation, l’oppression, la répression, l’exode, l’émigration et même un génocide (n’ayons pas peur des mots). Or, là encore, l’idée d’une « protection » des chrétiens par les musulmans s’inscrit dans l’état de dhimmitude… Il n’est pas ici question d’interpréter négativement leur appel ou de mettre en doute leur sincérité, mais les termes utilisés renvoient aux chrétiens l’image de l’état de dhimmitude… L’islam est la religion de l’État en Irak, mais aussi en Egypte, en Jordanie, en Palestine, et, bien sûr, en Arabie saoudite et en Iran. Quant à la législation, constitutionnellement liée à l’islam, on la retrouve en Irak, mais aussi en Égypte, en Jordanie, en Palestine, et, bien sûr, en Arabie saoudite et en Iran. La Constitution syrienne a omis la mention de l’islam comme religion, d’État mais l’article 3 affirme : « 1) La religion du président de la République est l’islam. 2) La doctrine islamique est une source principale de la législation... » S’il est vrai que les chrétiens bénéficient de la politique d’alliance des minorités conduite par la famille alaouite Assad, ils sont d’un autre côté obligés de se soumettre au pouvoir baassiste car la chute de celui-ci les mettrait en danger, surtout si les Frères musulmans s’emparent de l’État. Si Israël ne dispose pas à proprement parler de Constitution, il n’en demeure pas moins que la distinction entre l’État et la loi, d’une part, et le judaïsme, d’autre part, n’est pas toujours évidente. En Orient, si l’on omet le cas du Liban, les chrétiens sont donc « constitutionnellement » des dhimmis. Bachir Gemayel décrivait la situation des chrétiens vivant dans l’état de dhimmitude comme étant la suivante : «Ils mangent, ils boivent, ils travaillent, ils procréent. Leur condition se résume à cela. Politiquement, ils n’ont aucun droit. Leur sécurité est, je dirais, bestiale. Ils sont à la merci du moindre incident. » Devenu à son tour commandant en chef des Forces libanaises, Fouad Abou Nader déclara : « Nous rejetons la sécurité que l’on offre aux dhimmis, car nous estimons que la liberté est plus importante que la sécurité. » Lors de la conférence du Front de la liberté du 24 octobre dernier, le Dr Abou Nader, coordinateur général du mouvement, a réclamé des garanties politiques et constitutionnelles assurant aux chrétiens une participation libre et équilibrée à l’État fédéral irakien et a insisté sur la nécessité de fonder un centre pour les chrétiens d’Orient, chargé d’évaluer la situation des chrétiens au Moyen-Orient et de trouver une solution. Le Liban n’a pas de religion d’État, mais sa démocratie est confessionnelle et le dimanche est chômé. Les chrétiens peuvent y vivre en toute liberté et égalité avec les musulmans. C’est en cela que le Liban est une patrie pour les chrétiens en Orient. Ce qui ne signifie nullement que nos compatriotes musulmans doivent en être exclus. Bien au contraire. En effet, comme le disait l’imam Moussa Sadr – et aujourd’hui la Constitution –, le Liban est la patrie définitive de tous ses fils. Ainsi, si le chrétien peut y vivre en toute liberté et égalité avec le musulman, alors le musulman peut aussi y vivre en toute liberté et égalité avec le chrétien. Dans son dernier discours, le 14 septembre 1982, Bachir Gemayel déclara : « Nous, en tant que chrétiens, au Liban, au nom de tous les chrétiens d’Orient, nous pouvons dire : “Le Liban n’est pas un foyer national chrétien, mais le Liban est une patrie pour les chrétiens, pour d’autres que nous s’ils le veulent, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que c’est une patrie pour nous.” Nous devons le protéger pour pouvoir reconstruire nos églises quand et comme nous le voudrons. Yasser Arafat a transformé l’église de Damour en garage ; nous lui pardonnons, nous reconstruirons l’église de Damour, bien qu’ils l’aient salie et profanée, bien qu’ils en aient défiguré toutes les caractéristiques chrétiennes. Nous la reconstruirons. Peut-être que si nous étions en Égypte ou en Syrie, nous n’aurions pas eu le droit de le faire. Ni reconstruire ni réparer aucune église exposée à la destruction. Nous voulons être toujours présents dans cet Orient pour que les cloches de nos églises sonnent quand nous le voudrons, pour les joies ou pour les peines. Nous voulons baptiser à notre convenance. Nous voulons pratiquer nos traditions et nos rites, notre foi et nos convictions à notre convenance. Nous devons pratiquer notre christianisme dans cet Orient. Même si nous sentons que souvent, ce témoignage nous est imposé, ce témoignage, ne l’esquivons pas. Nous témoignerons de notre christianisme au Liban, nous témoignerons de notre christianisme dans le monde à une époque où ce monde n’a plus de chrétien que le nom ou quelques symboles. Mais aujourd’hui, ce qu’il y a de plus profond dans notre christianisme sort du Liban, car nous avons payé avec notre sang le prix de notre foi, de nos croyances, de nos valeurs et de nos traditions. C’est nous, aujourd’hui, qui témoignons pour tous les chrétiens du monde à la manière des premiers chrétiens, au temps de Rome, qui mouraient pour témoigner de la religion et de la foi chrétiennes. (…). Nous, en tant que partie chrétienne dans cet Orient, n’étions pas différents des autres et si nous n’avions pas un pays et, je le répète, pas un foyer national chrétien, mais véritablement un pays pour les chrétiens, où nous puissions vivre le front haut, sans que quelqu’un ne vienne nous ordonner : “Va à gauche”, comme au temps des Turcs, lorsqu’on nous disait : “Prenez la file de gauche” parce que nous étions chrétiens, et sans que l’on nous oblige à mettre n’importe quel signe sur notre corps ou sur nos vêtements, pour que les autres sachent que nous sommes chrétiens ou que nous soyons des citoyens vivant en dhimmis. Nous, nous refusons désormais de vivre en dhimmitude. Nous, nous ne voulons plus vivre sous la protection de quiconque. Nos martyrs ont défendu notre liberté et notre présence dans cet Orient. (…). Cela nous montre à quel point nous pouvons l’emporter, lorsque nous nous comportons comme il se doit, nous, en tant que chrétiens et, surtout, en tant que maronites (…). Je parle de la maronité politique, à laquelle croient tous les chrétiens d’Orient. Quand cette maronité politique sait ce qu’elle vaut et ce qu’elle veut, alors elle est à la hauteur de la situation. Parce que ce pays a été bâti sur les libertés, et les libertés, c’est nous qui les représentons, c’est nous qui les défendons, et c’est nous qui en sommes responsables. (…). Ce pays doit être à tous ses fils, toutes confessions et croyances, et tous sentiments confondus. Mais, essentiellement, ce pays doit être pour la société chrétienne d’Orient un havre de sécurité et de tranquillité, car nous ne sommes nullement disposés à émigrer aux États-Unis ni en Europe. Nous ne sommes nullement disposés à prendre “la file de gauche”, ni à nous mettre à genoux, ni à perdre. Nous voulons vivre ici la tête haute. Cela, aujourd’hui, relève de la responsabilité de l’État libanais. » Michel FAYAD
La Constitution irakienne est claire : « L’islam est la religion de l’État et une source principale de la loi ». Autrement dit, la démocratie irakienne est condamnée à « résister » à la charia. La Constitution reconnaît aux chrétiens une liberté religieuse limitée (libre appartenance à une religion et libre exercice du culte). Cette liberté leur est concédée et peut donc...