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On ne badine pas avec la religion

Les jeux vidéo peuvent à l’occasion être ultraviolents ou franchement amoraux, mais il est au moins un domaine dans lequel leurs éditeurs évitent scrupuleusement toute polémique : la religion. Le report de Little Big Planet, l’une des productions majeures prévues par Sony sur sa Playstation 3 pour la fin de l’année, en raison d’une controverse religieuse liée à l’une de ses musiques, témoigne de cette prudence. Initialement prévue pour la fin du mois d’octobre, la sortie du logiciel de Sony a été repoussée de quelques jours dans le monde entier après la découverte de deux expressions tirées du Coran dans une de ses musiques de fond, l’éditeur évoquant le risque que cela offense les musulmans. « Des beta-testeurs (joueurs ayant accès en avant-première à un jeu pour le tester) ont remarqué que l’une des musiques de Little Big Planet contenait des extraits du Coran et ils nous ont prévenus », explique Emmanuelle Renon, chargée de la communication de Sony France pour la Playstation. « La décision de retirer ce passage de la bande-son a été prise en concertation par Sony et Media Molecule, les développeurs du jeu. Elle montre que nous prenons conscience des remarques qui nous sont faites. Nous tenons à nous montrer responsables, nous ne voulons pas de polémique autour du jeu », ajoute-t-elle. Sony avait envisagé de mettre un correctif du jeu en téléchargement, avant de choisir de rappeler les exemplaires de Little Big Planet déjà envoyés aux distributeurs. « Si cela avait influé sur un niveau créatif du jeu, cela aurait été une décision importante mais, dans le cas présent, cela ne change en rien le jeu », relativise Mme Renon, la chanson en question ayant été remplacée par une version instrumentale. Si ce genre de controverse n’est pas nouveau, Microsoft ayant annulé pour des raisons similaires la sortie européenne du jeu de combat Kakuto Chojin sur sa première Xbox en 2003, après l’avoir retiré des rayons au Japon et aux États-Unis, il s’est multiplié récemment avec, outre Little Big Planet, deux autres cas au cours des derniers mois. L’éditeur japonais Capcom avait ainsi modifié la bande-son de son jeu d’aventure Zack & Wiki : Le Trésor de Barbaros, avant sa sortie en début d’année 2008 sur la Wii de Nintendo, car le Conseil des relations américano-islamiques, un groupe militant pour les droits civils des musulmans aux États-Unis, lui avait demandé de retirer d’une des musiques du logiciel un sample de l’expression « Allah o Akbar », prononcée par les musulmans lors de leurs prières notamment. En 2007, l’Église anglicane avait, elle, protesté contre la représentation de la cathédrale de Manchester dans le jeu de tir Resistance : Fall of Man sur Playstation 3, dans lequel le joueur devait combattre une invasion extraterrestre. L’affaire, qui avait même fait réagir le Premier ministre britannique de l’époque Tony Blair, s’était terminée après que Sony, éditeur du produit, eut présenté ses excuses, sans que le logiciel soit modifié. Selon le responsable de la section des loisirs numériques à l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe, Laurent Michaud, l’augmentation des controverses religieuses dans le jeu vidéo tient avant tout à la démocratisation de ce média. « Si le jeu vidéo était encore confidentiel, on ne relèverait pas ce genre de phénomènes, mais il occupe une place de plus en plus grande dans la société. Il est devenu une industrie culturelle, au même titre que le cinéma ou la musique », commente M. Michaud. « Ce qui choquait autrefois dans un film choque aujourd’hui dans un jeu. C’est le signe que tout le monde devient attentif à ce qui se passe dans ce secteur », souligne-t-il.
Les jeux vidéo peuvent à l’occasion être ultraviolents ou franchement amoraux, mais il est au moins un domaine dans lequel leurs éditeurs évitent scrupuleusement toute polémique : la religion.
Le report de Little Big Planet, l’une des productions majeures prévues par Sony sur sa Playstation 3 pour la fin de l’année, en raison d’une controverse religieuse liée à...