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Actualités - CHRONOLOGIE

Transport Les compagnies aériennes tardent à répercuter la baisse des prix du pétrole

Marilyn SAMAHA KHAIR Alors que les cours du brut ont chuté de près de 50 % depuis le pic atteint en juillet dernier, les surcharges carburant demeurent inchangées. Les transporteurs aériens arabes ont récemment demandé aux gouvernements de réduire les taxes et droits appliqués au transport aérien pour dynamiser le trafic, dans une résolution de l’Organisation arabe des compagnies aériennes (AACO) à Tunis. Cependant, dans un contexte de chute des cours du pétrole, on pourrait se demander pourquoi ne commencent-elles pas à agir sur le montant de la taxe qui relève de leur propre champ d’action – la surcharge carburant – afin de diminuer le prix total du billet d’avion pour les passagers. Depuis quelques années, les compagnies aériennes utilisent en effet la surcharge carburant comme moyen d’intégration de la flambée du brut dans leurs coûts. Il s’agit d’une surcharge tarifaire qui vient s’ajouter aux diverses taxes existantes, dont s’acquitte déjà le passager (taxes perçues par l’aéroport, par l’État, et reversées aux gestionnaires d’aéroport, pour la sécurité, le fonctionnement de l’administration civile, etc.). Isolée du prix du billet pour des raisons de transparence, la surcharge carburant ne peut bénéficier, de ce fait, d’aucune réduction tarifaire ou autre promotion. Elle est incompressible. Les compagnies sont libres d’en fixer le montant, d’où des différences plus ou moins importantes suivant les transporteurs pour une même destination. Au Liban, peu de compagnies ont commencé à diminuer leur surcharge carburant depuis les pics de cet été. Elles se justifient en mettant en avant le manque à gagner, voire les pertes subies au cours de la période qui a précédé les hausses de cette surcharge. La variation de la surcharge carburant relève aussi du siège central de chaque compagnie ; elles s’effectuent sur toutes les destinations d’un même transporteur au même moment. Selon certains, les baisses effectives de la surcharge carburant ne se produiraient que d’ici à un ou deux mois. On constate cependant que durant la flambée des cours, la majorité des compagnies aériennes augmentaient leur surcharge à un rythme hebdomadaire. Mais aujourd’hui les compagnies mettent en avant d’autres variables qui également entrent en jeu dans le mécanisme de calcul de la surcharge carburant. Certaines, comme les contrats hedge, ont une incidence indirecte sur le montant de la taxe. Les compagnies aériennes peuvent en effet bénéficier d’un système de couverture afin de faire face à l’augmentation des cours du pétrole. La compagnie achète d’avance son carburant à un prix fixé, pour éviter de subir les effets d’une hausse des cours. Avec l’arrivée à terme de ces contrats et l’augmentation en flèche des prix du baril ces derniers mois, les nouveaux contrats « hedge » se sont établis à des tarifs supérieurs à ceux pratiqués auparavant afin de prémunir les compagnies du risque de très fortes fluctuations des cours du baril. Ces coûts répercutés sur la taxe peuvent expliquer une baisse non proportionnelle de la surcharge carburant. Il faut également tenir compte de la politique d’achat de pétrole. Autrefois les compagnies opérant au Liban effectuaient les achats plusieurs mois à l’avance – 3, 4 ou 6 mois. Mais dans un contexte de flambée des cours, les compagnies ont commencé à favoriser les achats à plus courtes périodes, 15 jours par exemple, pour mieux contrôler leurs coûts par rapport à la taxe appliquée. Dans cette perspective, il semble difficile de comprendre pourquoi cette taxe n’a pas varié alors que le prix du pétrole est en baisse depuis près de deux mois. Enfin, l’effet change joue aussi directement sur le montant de la surcharge carburant, car pour bon nombre de compagnies aériennes au Liban le tarif de cette taxe est en euro. Pour le moment, beaucoup de compagnies jouent sur l’effet de change pour faire croire à une baisse réelle de la surcharge, mais celui-ci est bien plus minime que celui de la variation des prix des fuels, l’impact sur la surcharge finale n’étant que de quelques dollars…
Marilyn SAMAHA KHAIR

Alors que les cours du brut ont chuté de près de 50 % depuis le pic atteint en juillet dernier, les surcharges carburant demeurent inchangées.


Les transporteurs aériens arabes ont récemment demandé aux gouvernements de réduire les taxes et droits appliqués au transport aérien pour dynamiser le trafic, dans une résolution de l’Organisation arabe...