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Actualités - OPINION

Silence ?

Très vite, les feux d’artifice de l’été ont succédé aux bombes, et les orages spectaculaires de l’automne aux bruits des autres saisons. Les explosions sont indispensables à notre univers sonore. La nature elle-même l’a compris. Le Liban est un pays pompier, wagnérien, grandiloquent. Petit mais haut du verbe. Pour exister, il a besoin de se faire entendre. Or il règne un calme inhabituel en ce moment. Soleil radieux sur les façades. La météo elle-même n’a rien à signaler. Il arrive même qu’on entende un oiseau entre les heures de pointe où s’affolent les klaxons. Se peut-il que la paix s’installe et qu’il plaise au ciel que cela dure et que le restant de nos jours soit promis à ce silence angoissant ? Car ici le silence est toujours angoissant. D’une part, on se demande s’il ne se trame pas en coulisses quelque mauvais coup auquel on ne serait pas préparé. D’autre part, l’adrénaline commence à faire défaut. On est en manque, donc prostré, donc vulnérable. Il faut du temps pour baisser la garde, accepter de vivre comme tout le monde, sans être continuellement à l’affût du danger. Bien sûr, les bruits de bottes sont incessants aux frontières. Bien sûr, la violence ici et là n’est que contenue, et les rancunes tenaces. Bien sûr, la perspective des législatives n’est jamais rassurante. Mais tous ces démons ne sont que vieille compagnie. Il s’agit de les ignorer tant qu’ils se tiennent tranquilles et d’en profiter pour avancer. À présent, s’il est un engagement citoyen à prendre, il n’est pas d’un côté ou de l’autre de la scène politique, ni même au centre qui est un parti comme un autre. Il n’est plus – on en est si las – autour d’une figure. Ces gens passent et le peuple reste. Il est, au plan individuel, dans l’idée d’avoir un projet. S’imposer cette discipline que nous ignorons tous : se dire simplement, dans cinq ans, dans dix ans, j’aurais réalisé ceci. Une gageure dans un pays comme le nôtre où l’on vit en pointillé. Mais peut-être le seul moyen de se réconcilier avec l’avenir. De préserver cette terre surtout, en lui accordant un regard confiant. Tant qu’elle est perçue comme éphémère, elle est en danger d’épuisement. Nous n’en aurons pas d’autre ¦ Fifi Abou Dib
Très vite, les feux d’artifice de l’été ont succédé aux bombes, et les orages spectaculaires de l’automne aux bruits des autres saisons. Les explosions sont indispensables à notre univers sonore. La nature elle-même l’a compris. Le Liban est un pays pompier, wagnérien, grandiloquent. Petit mais haut du verbe. Pour exister, il a besoin de se faire entendre.
Or il règne un calme...