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Actualités - OPINION

L’appui syrien à Baabda reste électoralement nuancé Le commentaire d’Émile Khoury

Selon un homme politique solidement informé, la Syrie voit dans le président Michel Sleiman un recours national, un interlocuteur avec qui traiter en ce qui a trait aux intérêts communs. Et elle n’entend pas se compromettre avec un pôle distinct qui se trouverait en compétition pour le leadership de la composante chrétienne du pays. En fait, elle estime que ce leadership doit revenir au président-général et à aucun autre. Souhaitant que le chef de l’État soit le plus fort, la Syrie soutient les efforts visant à renforcer les capacités des forces régulières libanaises, armée en tête. Pour la lutte contre le terrorisme, le contrôle des frontières et la consolidation de la sécurité intérieure. Politiquement, elle est favorable à la promotion des positions du président en Conseil des ministres comme à la Chambre. C’est pourquoi elle a soutenu à Doha la proposition de réserver trois ministres au régime. Et elle n’est pas contre l’idée d’un bloc parlementaire centriste s’inspirant des options présidentielles. Dès lors, la Syrie n’a pas d’objection, affirme le spécialiste cité, à ce que l’émergence d’un tel bloc se fasse aux dépens des chrétiens du 8 Mars, CPL en tête. Mais, en revanche, elle ne veut absolument pas que la présence d’un centre fasse pencher la balance en faveur des chrétiens du 14 Mars, FL en tête. Pour elle, le général Michel Aoun et le Dr Samir Geagea devraient faire match nul, en gains et en pertes. Avec réduction proportionnelle similaire du volume électoral de chacun des deux. Ce serait pour cette raison que l’on a gelé une réconciliation intermaronite susceptible d’avantager Geagea lors des prochaines législatives. Bref, après le rabotage des deux antagonistes, Aoun et Geagea, le président Sleiman s’imposerait comme principal pôle représentant la communauté maronite, en sus de son leadership national en tant que chef de l’État. Il n’est pas étonnant dès lors que le général Aoun combatte l’idée d’un bloc parlementaire d’indépendants susceptible de jouer les arbitres. Et de soutenir les orientations nationales du palais. En pratique, poursuit la source citée, le chef du CPL redoute certes le succès d’indépendants dans les circonscriptions qui l’intéressent. Mais il craint encore plus qu’après les élections, nombre d’élus sur ses propres listes ne le lâchent pour adhérer au bloc centriste. Il a donc tenté de proposer à Baabda sa propre formation comme choix de substitution. En déclarant, à Amchit, village du président : « Nous serons tous aux côtés du chef de l’État pour lui assurer un bloc parlementaire national. » Aux antipodes de cette attitude diplomatique, le ministre Gebran Bassil, cadre du CPL, tire d’avance à boulets rouges sur le bloc centriste en gestation. Pour lui, un tel groupe « ne peut ni opérer une réforme, ni combattre la corruption, ni instaurer la souveraineté et l’indépendance. Ce qui se dit au sujet de la création de ce bloc vise à affaiblir l’action réformatrice que nous entreprenons ». Par contre, les cadres du 14 Mars applaudissent les vues présidentielles. En soulignant que, de nature purement nationale, elles rejoignent et épaulent leur propre idéologie. Quant aux indépendants eux-mêmes, ils font valoir que leur rassemblement n’est, par définition même, ni avec le 14 Mars ni avec le 8 Mars, ni contre eux. Et que ses prises de position ne prendront en compte que l’intérêt national bien compris, que défend le chef du pays. Ils relèvent que s’il y avait eu un bloc centriste consistant, il n’y aurait pas eu de crise présidentielle pendant six mois, ni de crise ministérielle interminable, ni de paralysie de la Chambre.
Selon un homme politique solidement informé, la Syrie voit dans le président Michel Sleiman un recours national, un interlocuteur avec qui traiter en ce qui a trait aux intérêts communs. Et elle n’entend pas se compromettre avec un pôle distinct qui se trouverait en compétition pour le leadership de la composante chrétienne du pays. En fait, elle estime que ce leadership doit...