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Polémique Hariri « défie » Damas d’accepter une commission d’enquête sur le terrorisme

Saad Hariri a accusé une nouvelle fois la Syrie d’« exporter » le terrorisme au Liban et l’a « défiée » d’accepter la formation d’une commission d’enquête internationale ou arabe « pour savoir qui exporte le terrorisme chez qui ». Le chef du Courant du futur était longuement interrogé par une chaîne de télévision russe avant sa visite programmée à Moscou, le mois prochain. « La rencontre avec Hassan Nasrallah était très bonne. Le climat était franc et nous avons procédé à une rétrospective de tout ce qui s’est passé au cours des trois années et demie passées », a déclaré M. Hariri. « Les avis étaient divergents et chacune des deux parties a exposé ses constantes et sa vision politique. Mais nous avons communément admis que le dialogue permet de renforcer la cohésion nationale face à toute tentative de déstabilisation du pays », a-t-il ajouté. « Ce qui s’est passé le 7 mai dernier était l’effondrement des constantes libanaises, du dialogue, de la communication, de la franchise et de l’acceptation d’autrui. Jusqu’à cet instant, nous continuons à vivre les conséquences de ce jour-là et il en restera des séquelles dans le futur. Nous devons contenir les effets de ce qui s’est passé. Il est clair qu’il y a une tentative et une volonté en ce sens de la part du Hezbollah. Nous aussi, nous nous emploierons à cela », a-t-il dit. « Nous avons connu des périodes difficiles et flirté avec la guerre civile, mais les leaderships politiques ont fini par vaincre cette évolution. Je ne veux pas comparer le Liban et l’Irak, mais ce dernier a connu des situations beaucoup plus difficiles et il a pu organiser des élections. Rien donc n’empêche que le scrutin ait lieu au Liban et je pense que la situation sera stable d’ici jusqu’à cette échéance », a souligné par ailleurs M. Hariri. Interrogé sur le point de savoir si le 14 Mars allait maintenir ses alliances en vue des législatives, M. Hariri a répondu : « Certainement. Nous avons des constantes au sein du 14 Mars. Nous avons foi dans les acquis réalisés par cette alliance, comme le tribunal international, le départ des Syriens du Liban, les élections de 2005 et le succès de Paris III, tout comme le 8 Mars a des acquis, comme par exemple la résistance durant la guerre. La différence entre nous, c’est que nous croyons que ces acquis sont pour le Liban réuni et pas pour d’autres parties. Nous croyons dans le Liban d’abord et que c’est au peuple libanais de cueillir les fruits de ce que nous avons semé. » Pas d’alliance avec le Hezbollah « Bien sûr, nous avons commis des erreurs en tant que 14 Mars. Mais je crois que les urnes répondront au 7 mai et à tout ce qui s’est passé ces dernières années », a-t-il dit, assurant qu’il n’y aura « certainement pas d’alliance » électorale avec le Hezbollah. Rejetant par ailleurs toute accusation d’accointance avec le terrorisme au Liban-Nord, il a dit : « Le 14 février 2005, Rafic Hariri fut assassiné. Pendant trois ans et demi, toutes les forces du 14 Mars étaient prises pour cibles. Nous avons été les premiers à prendre position contre Fateh el-Islam. C’est le 14 Mars, et notamment le Courant du futur, qui a donné la couverture politique à l’armée libanaise pour qu’elle pénètre dans le camp de Nahr el-Bared, alors que les autres avaient établi des lignes rouges pour l’en empêcher. Mais nous savons, nous, que le terrorisme présent au Liban est un terrorisme d’importation. La plupart des attentats qu’el-Qaëda perpètre dans le monde sont immédiatement revendiqués par elle. Personne n’a revendiqué les attentats commis au Liban. C’est pourquoi je dis que ces assassinats sont l’œuvre d’un État. En fait, el-Qaëda n’est pas présente au Liban, mais on l’exporte. Les quelques cellules qui ont été dépêchées dans ce pays ne sont pas venues de la mer ni par l’aéroport, elles ont traversé la frontière libano-syrienne. Le régime syrien leur accorde donc des facilités. » « Le terrorisme est une fabrication du régime syrien. Je défie le régime syrien d’œuvrer en vue de la formation d’une commission d’enquête internationale pour savoir qui exporte le terrorisme chez qui. Et s’ils ne veulent pas d’une commission internationale, qu’elle soit au moins arabe », a-t-il ajouté. Interrogé sur le raid américain en Syrie, il a dit : « Qu’ils présentent donc une plainte au Conseil de sécurité. Pourquoi ne le font-ils pas ? Israël avait dans le passé frappé un réacteur nucléaire en Syrie. Eux ont prétendu que ce n’était pas un réacteur nucléaire. Pourquoi n’ont-ils pas présenté une plainte au Conseil de sécurité ? Ils se contentent de déclarations, mais les déclarations ne suffisent pas. » M. Hariri a d’autre part assuré une nouvelle fois qu’il n’y aura pas de compromis au sujet du tribunal international. Sur ses relations avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, il a dit : « Nos rapports sont excellents, nous sommes des alliés de longue date et rien ne nous séparera. Il se peut qu’il y ait parfois des divergences mineures, mais notre relation reste solide, stratégique et fraternelle. Nous étions hagards à la mort de mon père et c’est lui qui a porté le flambeau. Pour moi, il est un grand frère. » Au sujet de la visite du général Michel Aoun en Iran, M. Hariri a déclaré : « Je n’ai aucun inconvénient à ce qu’il y ait de bonnes relations entre l’État libanais et l’État iranien. La visite du général en Iran ne me pose aucun problème et lui sait où se trouve son intérêt. Pour nous, l’Iran est une puissance importante dans la région et il faut qu’il y ait de bonnes relations entre Beyrouth et Téhéran. Il y a eu des critiques, mais en fin de compte, ce sont les urnes qui détermineront qui suit la bonne politique. » Le chef du Courant du futur a d’autre part réitéré son rejet d’un élargissement de la table de dialogue, estimant que cela pourrait être possible après les élections, « s’il y a une nouvelle donne ». Enfin, au sujet de sa visite en Russie, il a souligné qu’il ambitionnait de poursuivre le rôle joué en son temps par Rafic Hariri dans le développement des relations entre Moscou et les États arabes. « Nous croyons que le rôle de la Russie dans le monde est pionnier. La Russie est de fait une superpuissance et il faut traiter avec elle sur cette base. Il y a en revanche autour de nous des États qui se considèrent comme des superpuissances, mais qui ne le sont pas », a-t-il conclu. Signalons que M. Hariri avait reçu jeudi soir à Koraytem le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Dans la journée d’hier, le chef du Courant du futur a conféré avec le député de Beyrouth, Michel Pharaon, ainsi qu’avec le ministre Ghazi Aridi et M. Michel Moawad.
Saad Hariri a accusé une nouvelle fois la Syrie d’« exporter » le terrorisme au Liban et l’a « défiée » d’accepter la formation d’une commission d’enquête internationale ou arabe « pour savoir qui exporte le terrorisme chez qui ».
Le chef du Courant du futur était longuement interrogé par une chaîne de télévision russe avant sa visite programmée à...