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Société Série de suicides dans les prisons françaises en crise

La surpopulation carcérale a atteint au 1er octobre un taux rarement égalé : 63 185 détenus pour moins de 51 000 places. La France, régulièrement épinglée par le Conseil de l’Europe pour sa situation carcérale, a été condamnée la semaine dernière par la Cour européenne des droits de l’homme pour « traitements inhumains », pour avoir placé à l’isolement un détenu psychotique, retrouvé pendu dans sa cellule disciplinaire en 2000. Le taux de suicides dans les prisons françaises est l’un des plus élevés en Europe, selon les derniers chiffres du Conseil de l’Europe portant sur 2005. Fustigeant une situation « humiliante pour la France », l’opposition socialiste a demandé une « réaction au sommet de l’État ». Les principaux syndicats de surveillants de prison ont appelé au « blocage total » des prisons à partir du 13 novembre pour obtenir plus de moyens, dénonçant le « mépris » dont fait preuve à leur égard la ministre de la Justice Rachida Dati. « La pénitentiaire est à l’agonie et la ministre ne le voit pas. Si on continue, il va y a avoir le feu », a averti Christophe Marquès, du syndicat Force ouvrière, alors que la surpopulation carcérale a atteint au 1er octobre un taux rarement égalé : 63 185 détenus pour moins de 51 000 places. Ce cri d’alarme fait suite à une série de quatre suicides depuis début octobre dans des prisons de l’est de la France, parmi lesquels ceux de deux jeunes âgés de 16 ans, qui se sont pendus dans leur cellule. Depuis le début de l’année, 90 suicides ont été dénombrés dans les 200 prisons françaises. Pour Céline Verzeletti, du syndicat CGT, les mesures de prévention du suicide « resteront inopérantes tant que les conditions de détention resteront aussi détériorées ». L’Observatoire international des prisons (OIP), une organisation de défense des droits des détenus, insiste sur la nécessité pour l’administration pénitentiaire de changer son « regard ». « Cette institution ne voit les détenus que comme des numéros d’écrou », juge le porte-parole de l’OIP Patrick Marest, soulignant « la dépersonnalisation et l’infantilisation que génère le quotidien carcéral ». À plus court terme, l’OIP préconise de « réduire de façon drastique le passage au quartier disciplinaire » où il y a, selon elle, « sept fois plus de suicides qu’en cellules ordinaires ». Les psychiatres intervenant en milieu carcéral soulignent eux aussi que la détresse des détenus est accentuée par un système judiciaire insuffisamment à l’écoute. « Les suicides ne s’intègrent pas toujours dans une maladie dépressive. Ils sont souvent le fait de personnes très impulsives en situation de difficulté, qui n’ont pas d’autre élément pour se faire entendre », explique le docteur Luc Massardier, vice-président de l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP). Pour prévenir les suicides d’adolescents, la ministre Rachida Dati a annoncé ce mois-ci plusieurs mesures, prévoyant en particulier que tout mineur condamné à une peine de prison rencontre au préalable un magistrat du parquet pour lui expliquer les raisons de son incarcération. Un projet de loi pénitentiaire, destiné à améliorer la prise en charge des détenus et suggérant un recours accru aux alternatives à l’incarcération, devait être examiné par le Parlement cet automne, mais il a été repoussé au premier trimestre 2009 pour cause de crise financière.
La surpopulation carcérale a atteint au 1er octobre un taux rarement égalé : 63 185 détenus pour moins de 51 000 places.
La France, régulièrement épinglée par le Conseil de l’Europe pour sa situation carcérale, a été condamnée la semaine dernière par la Cour européenne des droits de l’homme pour « traitements inhumains », pour avoir placé à l’isolement un...