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Actualités - OPINION

Changements

Les sagesses orientales ont tendance à considérer qu’à toute chose malheur est bon. L’homme renonce à intervenir dans la lutte éternelle entre le bien et le mal, et cet abandon le soustrait à l’angoisse. Cette attitude fataliste, jugée ailleurs comme une forme de paresse mentale ou de paresse tout court, est en fait une discipline : quel que soit l’événement, s’abstenir de juger et attendre les conséquences en répondant, à la manière du moine bouddhiste : « Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais. » Bon ou mauvais, la crise financière ? Il n’y a pas si longtemps, quelques mois à peine, on s’affolait de la hausse du prix du pétrole. On s’inquiétait déjà de son incidence sur le trafic aérien, sur le transport des denrées, notamment les aides alimentaires. À présent que le pétrole chute, on s’affole de même. On s’inquiétait de l’épuisement des ressources, conséquence de la surconsommation des pays développés et de l’accès des pays émergents au club des riches. La consommation va baisser en raison de la fameuse crise, et l’on y trouve également un sujet d’inquiétude. Bon ou mauvais, le système capitaliste ? Comme tout système, il a ses failles. Il est donc sujet à faillite. Comme il vient de faire une grosse boulette, il est normal de le remettre en question. Toute remise en question est source d’angoisse. En même temps, il faut y voir une chance pour l’intelligence, comme l’aurait dit Michel Chiha. Tout se passe comme si la terre avait été conçue avec un programme d’autorestauration intégré, qui provoque certains désordres pour garantir sa survie. Des prédicateurs farfelus ont déjà comparé le séisme économique à l’un de ces fléaux bibliques destinés à châtier les peuples hors la loi. Le manque d’argent – ça arrive dans les meilleurs pays, la preuve ! – n’est certes pas la fin du monde. L’idée originale serait plutôt la suivante : et si c’était le début d’un monde nouveau ? L’information ne valait peut-être pas une manchette, mais la réduction du budget militaire américain est un signal intéressant. Si l’argent manque pour entretenir les guerres, peut-on y voir une chance pour la paix ? Plus près de nous, la cherté des produits agricoles contraindra-t-elle le Liban à se pencher plus sérieusement sur son agriculture, remplacer les opiacés par des comestibles et gérer enfin ses ressources hydrauliques ? D’innombrables paramètres annoncent dans le futur proche des changements colossaux. Vers le meilleur peut-être ; le pire est une constante. Vers plus de sagesse certainement, parce que ce n’est plus une option ¦ Fifi Abou Dib
Les sagesses orientales ont tendance à considérer qu’à toute chose malheur est bon. L’homme renonce à intervenir dans la lutte éternelle entre le bien et le mal, et cet abandon le soustrait à l’angoisse. Cette attitude fataliste, jugée ailleurs comme une forme de paresse mentale ou de paresse tout court, est en fait une discipline : quel que soit l’événement, s’abstenir de...